La direction de La Poste-34 renie ses rendez-vous sociaux

(Pour bien comprendre l’état d’esprit des dirigeants et autres managers (!) de La Poste et mieux comprendre la grève des postiers, on lira ci-dessous comment un directeur de La Poste veut l’«extermination» de ses vendeurs les moins performants. C’est dans Libé de ce 14 avril!)

On connaissait la politique de la chaise vide. Hier, la direction départementale de La Poste, rue d’Athènes à Montpellier, a fait mieux encore : celle de la porte close, en dépit d’un rendez-vous fixé avec les représentants syndicaux des facteurs en grève et les élus…

Aujourd’hui, les facteurs de Bédarieux et du Bousquet d’Orb en sont à leur 21ème jour de grève, ceux de Lamalou-les-Bains les ont rejoints vendredi. Ceux de Capestang entament leur 7ème jour de grève. Celles-ci sont soutenues par la CGT, FO et SUD” (L’Hérault du Jour du13 avril).

Depuis 20 jours La Poste organise des simulacres de négociation et joue le pourrissement du conflit sans aucun égard pour les postiers et leurs familles. De même, elle a « baladé » les élus des Hauts Cantons en leur disant que les négociations pourraient repartir sur de nouvelles bases. Lesquelles ? On ne le sait pas puisqu’elle refuse maintenant de recevoir aussi bien les postiers que les élus au niveau départemental.

« On était venus pour apaiser le conflit. On ne nous en a pas donné les moyens » déclare Luc Falip, maire de Saint-Gervais et Conseiller Général.

Un facteur de Capestang parle de ce qu’il connaît : « Quand un facteur prend une journée de RTT**, les autres se répartissent sa tournée entre eux, en plus de la leur ». Cela augmente les heures de tournées et certaines ne peuvent pas être terminées dans les temps…Dans ces conditions, les agents dépassent leurs horaires de travail. La direction refuse de payer ces dépassements horaires, mais n’hésite plus à menacer ou réprimer les agents qui rapportent du courrier non distribué ! Cette situation contradictoire est sans précédent dans l’histoire des PTT. Elle place les postiers dans des situations intenables et absolument injustes. Elle ne saurait durer sans incidents graves.

On note par exemple une augmentation du nombre des suicides parmi les agents et même l’encadrement de l’entreprise. Eric s’est suicidé 12 avril dans les Alpes de Haute Provence et cette affaire sera examinée par le Comité d’Hygiène et de Sécurité comme accident du travail le 14 avril à la direction « Monts & Provence » de La Poste. On savait que dans les entreprises où la rentabilisation à outrance ronge les travailleurs, des actes suicidaires apparaissent, toujours dans les mêmes conditions : surmenage, harcèlement, exploitation maniaque, menace de licenciement ! Renault, PSA, France-Télévision, EDF, Télécoms, et maintenant La Poste, connaissent ces retombées de la surexploitation capitaliste. Les précédents suicides en mars 2010 illustrent la nature des « réorganisations » à La Poste : un postier met en cause par courrier le harcèlement de sa hiérarchie et se suicide (Seine-Maritime) ; un agent qui dénonçait son reclassement défavorable se suicide (Meuse), etc. Les cinq dernières tentatives de suicides, dans des conditions semblables, indiquent clairement les responsabilités de La Poste et l’inhumanité – voire la stupidité bovine – de certaines directions. Ces suicides et tentatives, qui s’ajoutent aux précédents, doivent être reconnus comme accident de travail.

Sur son piquet de grève, une factrice de Bédarieux me glisse : « Nous commençons à mesurer l’impact du changement de statut de La Poste », depuis que La Poste est devenue une « Société anonyme à capitaux publics » le 1er mars 2010, dernière étape avant privatisation et démantèlement de l’ancien service public des PTT.

Yves Dachy.

** RTT = Réduction du temps de travail. Ce sont des jours de récupération en cas de dépassement des 35 heures.

ERRATUM. – Dans notre compte-rendu de la réunion publique des postiers le 7 avril à Bédarieux, nous avons omis de citer parmi les intervenants notre ami Jacky TELLO, conseiller municipal à Bédarieux. Nous le prions d’accepter nos excuses.

Lu dans Libé de ce 14 avril

Un directeur de La Poste veut l’«extermination» de ses vendeurs les moins performants, il a été muté

L’épisode illustre on ne peut mieux le cri d’alarme lancé la semaine passée par le syndicat FO de La Poste fait entendre sa voix sur la souffrance dans l’entreprise publique. Le syndicat SUD-PTT s’indigne à son tour d’un courriel envoyé par le directeur des bureaux de Poste de Paris-Sud à ses directeurs de vente.

Cette correspondance lui vaut «d’être affecté à d’autres fonctions qui ne le placent plus en responsabilité de forces commerciales», a indiqué la Poste ce mercredi.

Cette correspondance électronique parle de «chasse ouverte» aux mauvais vendeurs, et de leur «extermination».

Pour la direction de La Poste, «il s’agit d’expressions d’une totale maladresse, inappropriées à toute situation professionnelle et qui ne correspondent pas aux valeurs et aux modes de fonctionnement de La Poste, ni aux pratiques managériales de son auteur».

Dans son courriel daté du 5 mars, Rémi Karcher, le directeur des bureaux de Poste de Paris-Sud (regroupant les bureaux de la rive gauche, ainsi que le XIIe et le XVIe arrondissement), annonce à ses directeurs de vente que «la chasse» aux mauvais vendeurs est «ouverte, jusqu’à épuisement (rapide) des espèces qui ne sont pas protégées».

Le syndicat SUD a obtenu le courriel de façon anonyme sous enveloppe.

Rémi Karcher désigne dans son courrier les conseillers spécialisés en patrimoine, les conseillers clientèles, les conseillers financiers, et les gestionnaires de clientèles qui sont «à 0 (zéro)».

Lors d’une campagne commerciale pour un produit financier donné, un «vendeur à 0» est celui qui n’a conclu aucun contrat du produit donné.

Pour Olivier Rosay (SUD-PTT), «c’est inadmissible, cela dépasse l’entendement». Et le syndicaliste de dénoncer «les mauvaises conditions de travail» des conseillers financiers et conseillers clientèles, soumis à une «forte pression» et «un niveau de stress important».

«Des gens sont à bout, en arrêts de travail, en dépression. J’ai vu des vendeurs qui pleuraient, qui n’arrivaient pas à faire leurs chiffres», ajoute Olivier Rosay.

SUD-PTT a écrit au PDG de La Poste Jean-Paul Bailly, au directeur général des bureaux de Poste Jacques Rapoport et au président de la Banque Postale Patrick Werner, pour leur demander «une intervention prompte» et qu’ils «désavouent M. Karcher».

Contacté par courriel mardi soir par l’AFP, Rémi Karcher a indiqué qu’il était actuellement hospitalisé. Il s’est dit «à bout» et «écoeuré par les procédés de certains membres du syndicat SUD».

Il a reçu ce mercredi des messages de soutien de certains responsables et salariés de la Poste, qui dans différents courriels dont l’AFP a eu copie, ont souligné son «management particulièrement humain», et sa « gestion très humaine des situations individuelles difficiles».

(Source AFP)

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Ensemble 34