Photos à l’appui!
* ainsi qu’à Carcassonne, à Narbonne et à Nîmes (voir ci-dessous)
Environ 500 personnes étaient présentes, hier jeudi à Montpellier, à la manifestation appelée par le collectif « Pas de bébé à la consigne! ».
Cette manifestation, composée dans son immense majorité de professionnelles de la petite enfance faisait suite à la mobilisation du 11 mars.
Ce collectif demande l’abrogation du décret «Morano » qui remet en cause, non seulement la
qualité de l ‘accueil des jeunes enfants, mais aussi la qualification du personnel de la petite enfance.
Ce décret a pour projet de:
• diminuer la proportion des professionnels les plus qualifiés (éducateurs de jeunes enfants,
puéricultrices et auxiliaires de puériculture) dans les établissements et services d’accueil des
jeunes enfants (crèches, multi-accueils…) ;
• l’extension des capacités maximales d’accueil des assistantes maternelles de trois à quatre
enfants et la création de regroupements d’assistantes maternelles pouvant accueillir jusqu’à
16 enfants sans aucune règle collective de fonctionnement ;
• la création expérimentale de 8000 places de jardins d’éveil d’ici 2012 pour les enfants de
deux à trois ans, prévoyant un taux d’encadrement d’un adulte pour 8 à 12 enfants au lieu
d’un pour 8 enfants du même âge actuellement pratiqué dans les crèches ;
• la perte de 68 000 places depuis 2000 pour cette tranche d’âge en école maternelle du fait
des suppressions massives de postes d’enseignants, qui pourrait augurer d’une attaque plus
globale contre l’école maternelle, malgré les propos du ministre de l’Education nationale..
• Les conséquences seraient inadmissibles, tant pour les parents que pour les professionnel-lles:
• une atteinte inadmissible à la qualité d’accueil des enfants. En effet, selon de nombreuses
études réalisées en France et à l’étranger, celle-ci serait liée à un ensemble de critères
prenant en compte les niveaux de qualifications professionnelles, les taux d’encadrement, la
taille restreinte des groupes d’enfants ainsi que des temps de réflexion sur les pratiques, qui
favorisent une prise en compte de l’enfant et de sa famille dans une relation individualisée ;
• une croissance annoncée des capacités d’accueil, sans garantie d’une augmentation
correspondante du personnel qualifié auprès des enfants ;
• une pénalisation financière supplémentaire pour les familles concernées, si le taux de
scolarisation des 2-3 ans régresse.
• la pérennisation d’une situation où plus de la moitié des familles demeurent privées de tout
véritable choix, ce qui conduit de nombreuses femmes à adopter une solution contrainte de
retrait du marché du travail.
Soucieux-ses de préserver leurs conditions de travail et un accueil de qualité pour les jeunes
enfants,les professionnel-les de la petite enfance font des propositions concrètes en attendant d’êtrte
reçu-es par Me Morano qui, non contente de faire la sourde oreille, les accuse de mensonge et de
manipulation.
• le respect d’un taux d’encadrement d’au moins un adulte pour 5 enfants qui ne marchent pas
puis d’un pour 8 enfants qui marchent en établissement d’accueil (sachant que ces taux sont
de un pour 3 à un pour 5 avant trois ans dans plusieurs pays européens). En maternelle, nous
demandons la présence d’un enseignant et d’un ATSEM à temps plein pour 15 enfants ;
• le maintien et l’amélioration des taux actuels de professionnels qualifiés, par l’accroissement
des places dans les écoles de formation (auxiliaires de puériculture, puéricultrices,
éducatrices de jeunes enfants…) et par l’accroissement des postes d’enseignants et
d’ATSEM, formés à l’éducation et à l’accompagnement de tout jeunes enfants ;
• l’arrêt des politiques publiques en défaveur des modes d’accueil collectifs et la promotion
d’un plan de formation et de recrutement de professionnels qualifiés de la petite enfance ;
• l’arrêt des suppressions de postes dans l’éducation nationale et le rétablissement des postes
supprimés (40 000 en trois ans). L’école maternelle ne doit pas servir de variable
d’ajustement et doit au contraire être dotée des moyens nécessaires pour que chaque famille
qui le souhaite puisse scolariser son enfant entre deux et trois ans dans des conditions
adaptées à cet âge d’entrée à l’école maternelle ;
• le renforcement et le développement des structures et des dispositifs, publics ou à but non
lucratif, pour l’accès aux modes d’accueil et à l’école maternelle des jeunes enfants, en
privilégiant la continuité de l’accueil (0-3 ans en établissement d’accueil, 2-6 ans en
maternelle) ;
• l’abandon des regroupements d’assistantes maternelles qui constitue le sommet de la
déréglementation avec l’absence de tout encadrement et le maintien des contrats de gré à gré
avec les parents employeurs ;
• l’abaissement du reste à charge financier pour les familles, leur permettant réellement
d’accéder au mode d’accueil de leur choix, pour aller progressivement vers la gratuité des
modes d’accueil
Le NPA sera aux côtés des professionnel-les pour revendiquer un service public de la petite
enfance, avec du personnel qualifié et en nombre.
D’ores et déjà, le collectif appelle à intensifier la mobilisation en proposant 2 rendez vous:
• Une journée de grève générale de la petite enfance jeudi 6 mai 2010 où le
collectif demandera à être reçu par le président de la République
• Une manifestation à caractère national parents-professionnels le samedi
29 mai 2010
Site national « Pas de bébé à la consigne! »: http://www.pasdebebesalaconsigne.com/
Carcassonne. Les puéricultrices face au décret Morano (ML)
« On veut donner l’illusion qu’on augmente le nombre de places en crèches… » Voilà comment les syndicats CGT et FSU perçoivent le projet de décret sur la petite enfance, actuellement examiné par le conseil d’Etat à la Famille. Ce texte, porté par la secrétaire d’Etat à la Famille, Nadine Morano, autoriserait notamment d’augmenter le nombre d’enfants par encadrant.
Hier, c’est dans le cadre d’une journée de grève nationale, que près de 150 puéricultrices, aide-puéricultrices et éducatrices de l’Aude ont manifesté devant la préfecture, pour dénoncer « la dégradation générale de l’accueil de la petite enfance et des conditions de travail » . Une manifestation bon enfant, durant laquelle une délégation de sept personnes a été reçue par le directeur de cabinet du préfet, Benoît Huber.
Un entretien « positif », selon le collectif “Pas de bébé à la consigne“, où la délégation a pu exposer ses préoccupations. « M. Huber a écouté avec beaucoup d’attention notre argumentation… », se sont réjoui Hélène Puertolas, de la FSU et Mylène Vesentini, pour la CGT. « Il a posé beaucoup de questions sur la problématique audoise. Et il a surtout vu que la mobilisation était importante, et que quasiment toutes les crèches étaient fermées… Là, notre intérêt, c’est que ça remonte au ministère. » En réduisant le taux d’encadrement dans les crèches, le collectif estime que l’on passe de l’éveil de l’enfant à la garderie : « Voilà comment le gouvernement entend répondre à la pénurie des places. » Une pénurie bien réelle dans l’Aude, où le problème se pose surtout dans le Narbonnais.
Sans parler du privé qui s’intéresse de plus en plus à la petite enfance, au grand dam des syndicats, qui sont pour un service public dans ce domaine.
Pour l’heure, le collectif “Pas de bébé à la consigne” va tirer le bilan de la mobilisation nationale d’hier, et espère pouvoir renouer le contact avec le secrétariat d’Etat à la Famille, dans les plus brefs délais.
Narbonne. A chacun son métier et les bébés seront bien gardés
Le nouveau décret sur l’accueil collectif des jeunes enfants ferait planer tant de menaces sur l’avenir des crèches qu’il a conduit des dizaines et des dizaines de professionnel(le)s – et de parents – dans la rue, hier encore, à Narbonne (après la forte mobilisation du 11 mars), à l’appel de la CGT, de la FSU et du collectif “Pas de bébés à la consigne“.
Le fameux décret prévoirait, entre autres, de desserrer sensiblement les normes de qualification et les taux d’encadrement (Ndlr : ce que conteste Nadine Morano). C’est ainsi, par exemple, que les “jardins d’éveil“, préconisés par le rapport, permettraient l’accueil des enfants de 2 à 3 ans, encadrés par un adulte pour 12, voire 15 enfants, alors que le taux est aujourd’hui d’un adulte pour 8 enfants en crèche.
«Plus d’enfants confiés à des équipes moins qualifiées, c’est plus d’insécurité matérielle et affective pour chaque enfant, plus de stress pour le personnel » , déploraient les manifestant(e)s. « Ces dernières mesures gouvernementales sont la goutte qui fait déborder le vase (…). »« Augmenter le nombre de places en crèche est indispensable mais pas dans n’importe quelles conditions, pas n’importe comment et pas au détriment de la qualité de l’accueil des enfants présents » , pouvait-on encore entendre dans les rangs.
Les membres du cortège, partis hier matin de la place de l’Hôtel-de-Ville, ont emprunté la rue Jean-Jaurès, les Barques, pour se rendre aux Halles, puis à la sous-préfecture, distribuant force tracts et faisant signer tout autant de pétitions au passage, pour dénoncer “la grande braderie de la qualité d’accueil des jeunes enfants“. Les manifestants (* ) ont ensuite complété les rangs des mécontents, l’après-midi à Carcassonne pour demander le retrait du décret, l’amélioration des ratios d’encadrement, un plan ambitieux de formation des professionnels (…).
Les personnes qui le souhaitent peuvent signer la pétition et obtenir plus d’informations sur www.pasdebebesalaconsigne.com
(*) On notait la présence des professionnel (le) s de Narbonne, Sigean, Coursan, Cuxac, Ginestas, Durban, Ornaisons… Le mouvement a affecté le fonctionnement de ces crèches.
Nimes. Les pros de la petite enfance sonnent l’alarme
De nombreuses crèches gardoises étaient fermées hier
Hier, en fin de matinée devant le conseil général du Gard, une bonne centaine d’employées spécialisées dans l’accueil de la petite enfance se sont rassemblées pour demander l’abandon du projet de réforme que prépare le gouvernement.
Une mobilisation, qualifiée « d’historique » par les participantes, avec la quasi totalité des structures en grève dans le Gard, dont une trentaine n’ont pas pu ouvrir leurs portes hier matin dans le sud du département (à Nîmes, Uchaud, Manduel, Remoulins, Marguerittes, Anduze, Vergèze, Saint-Gilles, Gallargues…), ce qui a engendré des difficultés certaines pour de nombreux parents n’ayant pas pu déposer leurs enfants.
Le projet prévoit notamment une réduction du taux d’encadrement des enfants par du personnel obligatoirement qualifié.
Pour les manifestants, réduire la proportion des professionnels va affaiblir la qualité de l’accueil des enfants, d’où le slogan maintes fois répété : « Pas de bébé à la consigne ! » On compte actuellement une auxiliaire pour cinq bébés et une auxiliaire pour huit enfants qui marchent. Si le projet du gouvernement aboutit, demain, on ne compterait selon les manifestants qu’une auxiliaire pour 12 enfants, avec un personnel moins qualifié. « Cela aura de graves répercussions sur les enfants, qui ne pourront plus obtenir toute l’attention nécessaire. Il est impératif de respecter les besoins de chacun » , explique une manifestante de la crèche de Manduel.
« On risque de faire un bon de cinquante ans en arrière et de recommencer à ne plus faire que de la garderie et du gardiennage » , affirme une auxiliaire de la crèche des Alisiers (Nîmes). Selon laquelle les conditions actuelles d’accueil sont déjà loin d’être satisfaisantes. La multiplication des accueils de courte durée, qui s’échelonnent toute la journée, oblige le personnel des crèches à interrompre son travail auprès des enfants de manière incessante, afin d’accueillir ceux qui arrivent et préparer ceux qui repartent. « On les couche, on les lève, on les habille, on parle avec les parents, on les déshabille : c’est de plus en plus difficile d’avoir le temps de leur faire faire des activités. » D’où les nombreux slogans arborés sur les tee-shirts : « Les bébés ne sont pas des sardines », « Bébés surbookés, pros surmenés, enfants sacrifiés », « Morano, on n’est pas des robots » (Nadine Morano, secrétaire d’État chargée de la famille).
À l’issue du rassemblement, les participants ont été appelés à se rendre à Montpellier, où une autre manifestation se tenait dans l’après-midi.