MONTPELLIER CONSEIL MUNICIPAL du 29 Mars 2010

Compte rendu par Francis Viguié, élu NPA-Cual

Ce conseil municipal se situe juste après l’élection régionale et les divisions profondes qu’elles ont provoquées au Parti Socialiste. Il y avait bien 74 délibérations à voter, mais il faut bien le reconnaître, ces délibérations avaient pour but d’expédier les affaires courantes. L’intérêt de ce conseil était ailleurs, sa tenue devait permettre de faire un état des lieux de la majorité municipale.

La Majorité municipale existe –t- elle encore ?

Les dernières élections municipales ont vu la victoire de la liste PS-PC-MODEM, Hélène Mandroux devenir maire et G. Frêche, à partir de son siège de conseiller municipal, devenir président de l’Agglo. Le même G. Frêche, pourtant exclu du PS, avait composé la liste et exclu les Verts de la nouvelle majorité.

Suite à la crise du PS et à sa division en 2 camps, l’ensemble des partis de la Majorité est entré en crise .

Côté PS, Mandroux se retrouve avec une poignée de conseillers, Frêche, qui avait construit la liste pour les municipales, se retrouve avec une large majorité. Mandroux est, depuis le départ, minoritaire dans son conseil municipal, suite aux régionales l’isolement est encore plus fort.

Côté PC, ses 5 conseillers se sont divisés lors des élections régionales. Si 3 d’entre eux ont fait la campagne « A gauche maintenant ! », Françoise Prunier s’est impliquée dans la liste Frêche

Côté Modem, la situation n’est pas brillante. Les tensions fortes entre Dufour et Labrousse se sont conclues par une absence aux Régionales.

Au vu de cet état des lieux, il est difficile de parler encore de majorité municipale et ceci d’autant plus que les « frêchistes » ont les moyens de mettre en minorité Mandroux ou de bloquer ses projets comme le retour des Verts dans la majorité. Potentiellement à la question « qui dirige ? » les regards se tournent vers G. Frêche.

Il est impossible de terminer ce premier point sans parler des déclarations tonitruantes de Frêche contre Mandroux . Pour lui l’alternative est simple, soit elle se soumet en liquidant son cabinet politique, soit il faut envisager la dissolution du conseil municipal.

Le conseil démarre sans Frêche

H. Mandroux débute le conseil avec un point politique suite aux Régionales. Elle félicite les élus et Frêche. Elle continue en indiquant que les élections sont passées, souhaite le calme et la sérénité. Elle affirme que son équipe continuera à travailler. Elle félicite Vignal et Bouillé pour leur travail au Petit Bard suite à l’incendie.

M. Levita intervient comme président du groupe socialiste. Il indique que Frêche souhaite le rassemblement, Mandroux aussi. Il note le score historiquement bas de la droite. Pour lui, la gauche a un travail à faire et à assurer jusqu’en 2012.

Domergue pour l’UMP insiste sur le problème de légitimité de Mandroux suite à son résultat électoral.

Roumegas pour les Verts se demande si sur des points précis comme l’eau en régie, Odysseum 2…. il y a toujours une majorité.

Je suis intervenu en commençant par une question simple « Existe –t–il encore une majorité dans ce conseil municipal ? » (Je ne reprends pas ici le point développé au paragraphe précédent.) Chacun a entendu et lu les déclarations de Frêche au soir de sa victoire. Vu les rapports de forces au sein du conseil, Frêche a la clé des décisions à venir. Que va-t-il se passer ? S’il y a rupture, qu’elle soit politique. Jusqu’à présent l’ensemble des décisions, y compris le dernier budget, a été voté par toute la majorité.

J’ai continué par le Petit Bard, vu que ce point a été évoqué en introduction par Mandroux. Il existe, dans ce quartier, un climat de défiance légitime vu que le dossier traîne depuis 2004. Le dernier incendie rappelle la situation d’insalubrité. La proposition de reloger la quarantaine de familles dans le gymnase Rocca est une grave erreur et surtout une proposition scandaleuse. Comment penser reloger des familles avec leurs enfants pendant plusieurs semaines dans un gymnase ? Comment leur garantir ainsi des conditions de vie décentes et une intimité satisfaisante ?

Il est impossible de comprendre comment une ville comme Montpellier et l’Agglo n’ont pas de possibilité de répondre à une situation d’urgence et trouver une quarantaine de logements adaptés aux familles. Le silence du Préfet est tout aussi scandaleux. Nous tenons à rappeler à Mme le Maire et au Préfet qu’il est toujours possible de réquisitionner des logements vides, il suffit d’un peu de courage politique.

Délibération 37 : arrivée de Frêche

Pour une meilleure compréhension du débat sur l’après-Régionales, je traite ici l’arrivée de Frêche et ses déclarations. Tous les médias présents sont enfin contents, les télés nationales ne se sont pas déplacées pour rien. Les sunlights s’allument, le spectacle peut commencer. Frêche entre, soutenu par Pouget, au milieu des cameras et photographes. Les conseillers frêchistes applaudissent.

Le clash ne tardera pas. Avec la délibération sur les taux d’imposition, Frêche commence à faire la leçon à Mandroux. Dans un premier temps en indiquant qu’il avait laissé, il y a 6 ans, une ville sans dette et qu’elle est aujourd’hui endettée. Il rappelle qu’il avait donné des conseils à Mandroux pour réduire l’endettement (voir un autre compte rendu : Frêche avait proposé la suppression d’un millier d’emplois dans le personnel communal). Il passe rapidement au bilan des Régionales Il affirme à plusieurs reprises que Mandroux a été désavouée par les montpelliérains. Il mentionne fermement qu’elle n’a pas fait d’appel à voter pour lui. Que lui est toujours majoritaire sur Montpellier. Il termine sur une menace en promettant de se retrouver devant le suffrage universel. Insiste encore sur « vous avez été désavouée » Il exige que soit soumis au vote d’ici 2 mois l’arrivée du Village des Marques à Montpellier

Ces déclarations relancent le débat général

Mandroux intervient pour dire qu’elle est prête à recommencer. Lui, indique qu’elle appartient à un parti auquel il n’appartient plus. Dénonce son caractère d‘homme qui a toujours raison contre tout le monde.

Domergue pour l’UMP qui visiblement aimerait bien une nouvelle élection, déclare « réglez vos comptes devant les urnes »

Roumegas intervient en s’adressant à Frêche, si ce n’est pas une fanfaronnade de plus, osez dire que vous démissionnez.

J’interviens à mon tour. Ma première intervention posait la question de l’existence ou non d’une majorité municipale, après ce que nous venons d’entendre pour Frêche, c’est non ! La responsabilité du Parti socialiste est clairement posée. A ma première interrogation, j’en pose une deuxième : qui dirige le PS ? Max Levita nous parle d’apaisement et Frêche continue la guerre ouverte. Les élus frêchistes sont exclus mais le PS conserve de nombreux élus dans le conseil, que vont-ils faire ? Je demande à Levita de me répondre.

Va-t-on vers des élections ?

Vu la personnalité de Frêche il est difficile de répondre précisément. Comme d’habitude, il décidera et sommera les autres de se rallier à sa décision.

Il y a tout de même un certain nombre d’incertitudes. Il faut 33 démissions mais, en fait, avoir des garanties sur bien plus. Si les 33 démissionnent, il sera fait appel aux restants de la liste majoritaire aux municipales.

De plus, un groupe comme le Modem n’a franchement pas intérêt à démissionner. Ils ont peu de garanties de retrouver une situation aussi favorable que l’actuelle dans une nouvelle élection. Il en va de même pour un certain nombre d’élus de la majorité. Toute nouvelle élection change la donne. Frêche menace Mandroux sur le Village des Marques. Ce débat est important, et je vote contre ce projet, mais va-t-on aller à une nouvelle élection suite à un vote sur le Village des Marques ? Montpellier a des problèmes de logement, des quartiers en difficulté avec des taux de chômage impressionnants, des besoins en matière de transports publics….., de réels problèmes pour le quotidien des habitants qui, dans leur grande majorité, se moquent bien du Village des Marques.

D’un autre côté Frêche ne peut répéter ce genre de sortie à chaque conseil municipal, il lui faudra décider et ceci d’autant plus que Mandroux refuse de lui apporter la tête de son cabinet politique. La crise est ouverte et publique. Une déclaration du groupe PS, tout comme une déclaration du PC s’imposent. Il est de leur responsabilité de faire un choix, soit ils laissent Frêche maître du conseil municipal, soit ils réagissent et sont capables de rompre avec lui.

Elu sur une liste NPA CUAL nous aurons à échanger entre nous, mais il est évident que, dans cette crise tout comme depuis mon élection, nous conserverons notre indépendance, notre liberté de parole et de vote. Nous continuerons à défendre les revendications portées par les luttes, les besoins sociaux et une démarche démocratique où les habitants peuvent décider.

Retour aux délibérations

Si le débat politique était primordial, il y avait quand même des délibérations.

Sur la délibération 11, je suis intervenu pour demander l’intégration des comités de quartiers et des comités d’usagers dans la commission des manifestations commerciales. A ce jour y participent des représentants du conseil municipal, la chambre de commerce, la chambre des métiers. Ma proposition n’a pas été reprise.

La délibération 14 apportait de petites modifications, quartier par quartier, au Plan Local d’Urbanisme (PLU). Il n’y a pas d’avis des comités de quartier, des populations concernées. Face à ces ajustements présentés, je me suis abstenu.

Deux délibérations concernaient le Petit Bard: après avis pris, auprès du Comité justice pour le Petit Bard et des habitants lors d’une de mes visites à la Maison Pour Tous occupée, j’ai voté pour.

J’ai voté contre la délibération 57. Elle a pour but un financement de plus de 9 millions d’euros pour développer des animations commerciales en centre ville. Nous nageons dans l’absurde. Il y a Odysseum, le Polygone va monter d’un étage, Mandroux compte ouvrir un Village des marques sur le Jeu de Paume, Frêche un autre à Odysseum et l’on s’étonne qu’il y ait des problèmes.

Le délire de la consommation a des limites en période de faible pouvoir d’achat et, heureusement, une partie de la population ne sombre pas dans des besoins artificiels. Une chose est une ville avec des quartiers accueillants où le commerce est présent, autre chose est les temples de la consommation. Pour aider le commerce de centre ville, après l’avoir mis en difficulté, la majorité propose les « chèques parking » donné par les commerçants mais financés par l’argent public.

Je n’ai pas voté les taux d’imposition de la délibération 64 même si, pour cette année, il y a 0% d’augmentation. Montpellier reste la 13éme ville de France concernant le taux de la taxe d’habitation selon le magazine Capital. Les hausses importantes de l’année dernière se répercutent de fait cette année. Vu qu’il n’y avait pas d’augmentation, je me suis abstenu.

Je n’ai pas participé au vote 65 qui était une décision modificative du budget principal. J’ai voté contre le budget, je ne vote pas les modifications internes à ce budget

Mardi 30 Mars 2010.
Francis Viguié conseiller municipal NPA CUAL
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