Sans papiers Samedi 20 mars Grande marche à Montpellier

400 personnes manifestent en faveur des sans-papiers

MANIFESTATION : Nouvelle mobilisation de la coordination en faveur de 80 cas

Ils sont partis à 150 depuis les halles de La Paillade, hier en début d’après-midi, pour arriver à plus de 400 à la préfecture. La coordination des comités de soutien aux sans-papiers n’a pas faibli. Malgré la pluie qui a parsemé leur longue marche à travers les quartiers populaires de Montpellier : Figuerolles, Plan Cabanes… Avec un message “dire non aux expulsions des étrangers”.

Comme à chaque mobilisation, le mot d’ordre est le même : « C’est à la misère qu’il faut s’attaquer, pas aux immigrés. »

Stéphane au bout d’une banderole demande clairement à la préfecture « que les immigrés, lorsqu’ils se présentent aux guichets, obtiennent une réponse sans risque d’expulsion ». Mustapha estime la mobilisation « très organisée et très déterminée ». Stéphane reprend : « Il faut faire évoluer les lois anti-immigrés de ce pays ».

Les prises de parole s’en prennent assez violemment au gouvernement. De nombreux jeunes sont de la mobilisation. Comme Charlotte et Camille, 20 et 21 ans qui « ne savaient pas. Et puis, au théâtre à la fac de droit, on nous a mis au courant. On a repris une pièce de Molière sur la figure de l’étranger. » La pièce originale traite de l’arrivée d’un Limousin à Paris. La libre adaptation évoque celle d’un étranger qui arrive au pays de Molière… Les étudiantes sont parties de l’autre côté de la Méditerranée avec, cette fois, une bien meilleure connaissance de ce qui se passe en France.

De son côté, la préfecture reste muette sur le sort des quatre-vingts cas avancés par le collectif. De quoi donner de nouvelles idées de la tragédie… Photo Jean-Michel MART

Yannick Povillon (Midi Libre 21 mars 2010)

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Lu dans Midi Libre du 19 mars:

Montpellier. Sans-papiers Une manifestation de soutien à travers la ville

Depuis le 10 février, la préfecture refuse un dépôt collectif de dossiers de régularisation des sans-papiers

La coordination des comités de soutien aux sans-papiers de Montpellier organise, demain, une grande marche au départ de La Paillade vers la préfecture et maintient sa position de faire un dépôt collectif de dossiers de régularisation pour 80 personnes.La traversée de la ville passera par les quartiers populaires de Celleneuve, le Petit- Bard et Figuerolles, parce que « seule la mobilisation collective pourra faire avancer les choses et qu’à ce jour, la préfecture réclame une sélection de quelques dossiers de sans- papiers. Nous, on refuse de faire un tri, puisqu’aucun être humain n’est illégal », explique Sylvain, étudiant en sciences politiques et membre du comité RUSF.

Le bras de fer amorcé avec la préfecture n’en est qu’à ses débuts. En effet, mercredi déjà, la coordination avait montré sa détermination en occupant un amphithéâtre de l’université Paul-Valéry. Ainsi, le meneur du mouvement, Benoît G. affiche sa position : « Samedi, on montre qu’on passe à l’étape supérieure. Plus la préfecture campera sur ses positions, plus notre action se radicalisera. Hier, nous occupions un amphi mais demain, on pourrait très bien bloquer d’autres locaux. »

Surtout, Montpellier est l’une des rares villes du pays dans laquelle les sans-papiers sont artisans du processus de régularisation de leur situation. Et s’ils prennent désormais le risque de descendre dans la rue, c’est surtout parce qu’ils sont, ici, fédérés. Mais c’est invariablement dans leurs logements qu’ils retrouvent un peu de quiétude : « La vie de clandestin est monotone, beaucoup vivent à la charge de leur famille ou de leurs amis et ceux qui n’en ont pas sont sous les ponts, dans des squats. Il faut apprendre à vivre avec la peur permanente de la garde à vue. Mais en fait, on se sent déjà prisonnier.» explique Khalil, 35 ans, dont quatre sans papiers. Depuis six mois, à côté de ses petits boulots, il participe aux différentes actions des comités de soutien. Jamais interpellé par les forces de l’ordre, il appréhende pourtant la manifestation, même si « quand on est en groupe cela fait moins peur ». Demain, la balade des sans-papiers constituera l’étape décisive d’une diplomatie des petits pas arrivée à mi-parcours. En cas de persistance de refus de la part de la préfecture, les 80 “hors-la-loi” se réuniront autour de la coordination afin de juger de l’impulsion à donner aux prochains mouvements. En cas de refus d’audience, le rapport de force pourrait bien se radicaliser.

INFOS LA TRAQUE S’INTENSIFIE, LA SOLIDARITE AUSSI

A Béziers Mobilisation autour de Mohamed El Yaagoubi

« Il a travaillé pendant 20 ans. La Sécurité sociale a touché les sous. La MSA aussi et aujourd’hui, alors qu’il est malade, ils veulent le renvoyer au Maroc. Ils se renvoient la balle entre la sous-préfecture et le médecin de la DDASS. Tout le monde le jette. Un chien dans la rue, ils le ramassent et le mettent à l’abri. »

Le fils de Mohamed El Yaagoubi est en colère. Son père, 65 ans, a été opéré en urgence de l’estomac au mois de février dernier. Lors de la constitution du dossier, il a appris que la Sécurité sociale ne le prenait pas en charge, parce qu’il n’avait pas de carte de séjour. Une situation absurde que dénonce Germaine Lavaux, pour la Cimade qui organisait une conférence de presse hier : « C’est toute l’hypocrisie d’un système injuste. La loi est devenue illégitime. Ici, c’est une question de dignité. »

Mohamed El Yaagoubi a travaillé comme chef d’équipe chez Usinor dans le nord de la France, puis il est venu comme ouvrier agricole dans le Biterrois et habitait dans le quartier Garibaldi. Il a toujours été déclaré, a payé ses cotisations sociales et ses impôts. Ce monsieur a même reçu son relevé de carrière. Il a fait 4 demandes de carte de séjour qui ont été refusées. Les policiers de Béziers le connaissaient et ils ne l’ont jamais inquiété. La police de l’air et des frontières l’a arrêté deux fois et il a été menacé de reconduite à la frontière. Mohamed El Yaagoubi a été relaxé par la justice.

Aujourd’hui, toujours très faible, il vit et est soigné grâce à sa famille et à la solidarité d’une pharmacie proche de la mairie. Ses proches font circuler des pétitions dans le quartier de Garibaldi, Gambetta et Mas. RSF en a aussi mis une en ligne. Et la Cimade se dit prête à faire pression si cette affaire ne se règle pas par le droit. « Les services de l’Etat jouent la montre. Ils attendent quoi ? Qu’il reparte au Maroc entre 4 planches ? »

(Midi Libre 18 mars 2010)

Béziers Cinq étrangers, en situation irrégulière, arrêtés

Hier matin, entre 6 h 30 et 9 heures, sur réquisition du procureur de la République de Béziers, Patrick Mathé, une opération d’envergure contre le travail dissimulé a été mise en place sur Béziers.

Une cinquantaine de policiers du commissariat central, de la police aux frontières, de la brigade motorisée de Montpellier et de la police municipale ont contrôlé 115 personnes et 97 véhicules. Diverses contraventions routières ont été dressées ainsi que deux défauts de permis et une fiche de recherche.

Cinq personnes en situation irrégulière ont été interpellées et placées en garde à vue. Elles devraient vraisemblablement être conduites au centre de rétention administrative de Sète.

(Midi Libre 18 mars 2010)

A lire sur l’immigration :

Les contradictions de la politique française d’immigration
(par Alain Bihr)

Extrait

Le durcissement continu de la législation française sur les conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France vise moins à lutter contre l’immigration clandestine comme l’ont déclaré les gouvernants successifs qu’à :

• réguler cette immigration de manière à ce qu’elle soit nécessaire et suffisante à l’approvisionnement régulier des secteurs, branches, segments de l’économie française qui ne peuvent subsister que grâce à une telle main-d’œuvre. Tel est le sens du thème de « l’immigration choisie ». ;

• voire, par certaines aberrations juridiques, produire de toutes pièces des clandestins pour fragiliser une partie de cette main-d’œuvre déjà la plus précaire ;

• attiser et flatter les réactions et les préjugés xénophobes et racistes de la partie du monde salarial qui ne trouve plus d’identité et dignité que dans le fétichisme de l’identité nationale (nationalisme) ou dans le fantasme d’une pureté « raciale » (racisme).

Mais, en tant que propriétaires de leur force de travail, les travailleurs salariés disposent également de quelques moyens pour se défendre et lutter contre l’ensemble des processus précédents.
D’une part, sauf à instituer un régime d’apartheid (de discrimination institutionnelle généralisée), le capital ne peut maintenir à long terme une inégalité entre les droits ouverts, en tant que travailleurs salariés, aux immigrés et ceux réservés aux seuls nationaux. Ainsi les droits sociaux (par exemple ceux afférents à la protection sociale publique) ont-ils été d’emblée étendus à l’ensemble des salariés, quelle que soit leur nationalité – ce qui n’a pas été le cas des droits civiques.

D’autre part, et plus fondamentalement encore, leur statut juridique de sujets de droit va permettre aux travailleurs immigrés

• de s’émanciper de leur réduction tendancielle au statut de simple force de travail qui n’aurait droit à l’existence et à la présence dans l’Etat d’accueil qu’à ce titre ;

• pour revendiquer leur droit à une présence et à une existence dans cet Etat au titre de personne humaine avec l’ensemble des droits afférents à cette catégorie. Tel est tout l’enjeu par exemple de la lutte pour la reconnaissance effective (et non pas seulement formelle) du droit au regroupement familial ou encore du droit à l’exercice du culte musulman.

Sous ce rapport, le durcissement continu de la législation française sur les conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France vise précisément à couper court à la possibilité de jouer d’un tel ressort : l’Etat français veut bien de la main-d’œuvre immigrée mais pas de la population immigrée. C’est d’ailleurs pourquoi ce durcissement est de plus en plus souvent attentatoire aux droits de l’homme et fait de la France, sous ce rapport, un Etat de plus en plus policier.

Pour lire l’ensemble du texte:

http://www.npa2009.org/content/les-contradictions-de-la-politique-fran%C3%A7aise-d%E2%80%99immigration-par-alain-bihr

La politique d’Immigration de l’Union européenne

Pacte léonin pour une vision sécuritaire de la migration

Depuis une quinzaine d’années, la politique d’Immigration de l’Union européenne repose essentiellement sur des bases sécuritaires. Le Pacte européen sur l’immigration et l’asile de 2008 signé par les Vingt-Sept en est une nouvelle illustration. Bienvenue dans l’« Europe forteresse ».

Pour lire l’ensemble du texte:

http://politique.eu.org/archives/2010/02/1057.html

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