LE RECTORAT DE MONTPELLIER ET LE MINISTÈRE DÉTRUISENT LA FORMATION DES ENSEIGNANTS

Afin de supprimer des postes tout en développant la précarité dans l’éducation nationale, le rectorat de Montpellier a décidé de sacrifier la formation des enseignants. A la rentrée, les jeunes reçus au concours seraient mis à temps plein et sans formation devant des classes, accompagnés un temps par un enseignant “tuteur” qui lui pourrait être remplacé dans ses propres classes par des contractuels !

Le SNES 34 a vigoureusement réagi à cette provocation du rectorat de Montpellier par le communiqué ci-dessous.
On peut cependant regretter que lors de la mobilisation contre la réforme de la formations des maîtres en 2009, contrairement à d’autres syndicats de la FSU, le SNES se soit alors montré peu combatif, à cause de vagues promesses sur la revalorisation des jeunes enseignants. Il était pourtant clair que rien de bon ne pouvait être attendu de ce gouvernement.

COMMUNIQUÉ DU SNES 34 (Voir le site du snes 34 )

Une décision hallucinante !
Le ministère brade la formation des maîtres

Décidément, le ministère ne sait plus qu’inventer pour supprimer des postes. Dernières « victimes » de sa politique, la formation des stagiaires, les stagiaires lauréats des concours eux-mêmes, et les élèves.
On se souvient que le ministère avait imposé, contre l’avis de tous, d’augmenter de 8 à 12 h la durée hebdomadaire du service en responsabilité des stagiaires du 2nd degré reçus à un concours de recrutement (Capes, agrégation, Caplp, professeurs d’EPS).
Décision déjà particulièrement grave car elle amputait très lourdement la formation pédagogique des stagiaires. Mais qui ne lui suffisait pas pour atteindre les 3000 suppressions de postes décidées au titre de supports stagiaires sur les 5200 suppressions décidées dans le 2nd degré pour la prochaine rentrée.

Lors du dernier CTPA, le rectorat de Montpellier a présenté le dispositif qu’il a retenu dans notre académie pour appliquer la dernière « invention » du ministère : les stages « massés », celui-ci laissant le soin à chaque rectorat de l’appliquer techniquement sur le terrain. La très grande majorité des académies (toutes ?) adoptent des dispositifs comparables.

A la rentrée, les stagiaires reçus aux concours de recrutement du 2nd degré seront affectés sur un poste « normal » (de 18h) « pas trop éloigné » d’un des 3 sites IUFM. Ce poste serait pris sur l’ensemble des postes disponibles pour le mouvement intra-académique (rappelons que les stagiaires étaient, jusqu’ici, affectés sur des supports de 8h créés spécifiquement pour eux).
Jusqu’à la Toussaint, les stagiaires seront en responsabilité dans leurs classes, pour un service de 18h, en présence de leur tuteur. Durant ces 6 semaines, le tuteur sera remplacé dans ses propres classes, par un TZR s’il reste des TZR disponibles, ou par un contractuel.
De la Toussaint au mois de février, chaque stagiaire assurera seul son service de 18h.
En février, il suivra une formation pédagogique de 5 ou 6 semaines (Iufm, université … ? Le rectorat lancera un appel d’offre pour choisir « l’opérateur » chargé d’assurer cette formation). Le stagiaire sera alors remplacé dans ses classes par … un étudiant en M2, admissible au concours de recrutement et volontaire dans le cadre des stages « 108 heures ».
Puis, jusqu’à la fin de l’année, le stagiaire assurera seul son service de 18h dans ses classes.
Enfin pour étoffer un dispositif dont il semble mesurer la légèreté pédagogique, le rectorat va demander aux établissements de prévoir une journée « sans cours » dans l’emploi du temps des stagiaires – qui assurera donc la totalité de ses cours sur les autres jours de la semaine – afin qu’ils puissent suivre ce jour-là des formations pédagogiques.

Incroyable … mais vrai ! A quelques aménagements éventuels près, c’est bien là le dispositif retenu pour « former » les futurs professeurs !

Est-il besoin de longs commentaires ? On imagine sans peine ce que sera la première année de ces collègues débutant dans le métier quand on connaît les difficultés rencontrées par les actuels stagiaires qui ont un service de 8h en responsabilité, les problèmes innombrables auxquelles ils vont être confrontés, les risques que ce dispositif leur fait courir, la faiblesse de leur formation professionnelle, les difficultés pour préparer leurs cours, gérer leurs classes …
Quant aux élèves, 30000 au moins d’entre eux (250 stagiaires, 4 ou 5 classes de 30 élèves chacun) changeront plusieurs fois de professeurs, avec pour l’essentiel un stagiaire et … un étudiant.
Les tuteurs prendront leurs classes … à la Toussaint.
Les mutations seront amputées de 250 postes !

Que le ministère puisse concocter une telle usine à gaz montre à la fois son ignorance et le mépris dans lequel il tient notre profession, ainsi que l’importance réelle que le gouvernement attache à l’intérêt des élèves et à la qualité de l’enseignement.

C’est une nouvelle pièce qui vient s’ajouter à l’ensemble des décisions, projets et réformes (lycées, charge de travail en collège, décret Eple, formation des maîtres, droit à mutation, évaluation des personnels …) mis en place par le ministère pour supprimer des dizaines de milliers de postes (plus de 60000 depuis 2003) et tenter d’imposer des transformations radicales de notre système éducatif, la remise en cause de ses missions et de notre métier (se reporter à l’US, au dernier numéro de Montpellier-Snes et au 1er article sur notre site). Elle conforte notre détermination à poursuivre notre action contre la mise en responsabilité des étudiants utilisés comme moyens d’enseignement dans le dispositif des « stages 108h », à exiger le retrait de la réforme Chatel de la formation des maîtres, et à exiger une autre réforme, le doublement du nombre de postes aux concours de recrutement et une programmation pluriannuelle des postes aux concours.

Les semaines à venir seront déterminantes. Face à cette politique dévastatrice, la mobilisation de toute la profession est indispensable. Ensemble, exigeons une autre politique pour le Service Public d’Éducation, pour nos élèves et pour notre métier. Alertons les parents, l’opinion publique, les media. Adressons-nous aux élus. Multiplions les actions dans chaque établissement.

Le 21 janvier, mettons-nous massivement en grève et manifestons dans les départements.

Le vœu suivant a été soumis (par FO) au vote du CTPA :

« Le CTPA de l’académie de Montpellier réuni le 11/01/2010 demande :
– le retrait de la circulaire du 20/08/2009 qui confie des classes en responsabilité à des étudiants en stage d’apprentissage
– le retrait de la réforme portant sur la formation des enseignants stagiaires lauréats des concours de recrutement
– le maintien de tous les sites IUFM et de tous leurs postes »

Pour : 10 (FO, FSU, UNSA) – L’administration n’a pas pris part au vote.

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Ensemble 34