TRIBUNE-COUP DE GUEULE

Sur ce blog, nous publions le texte que le NPA Languedoc-Roussillon propose à ses partenaires pour la constitution d’une liste unitaire aux Régionales dont la nécessité a été actée à la réunion du 25 novembre. (voir ici )
Cependant pendant que nous avons des discussions qui réunissent les forces de la gauche de la gauche, la presse régionale nous annonce régulièrement, sans que cela soit démenti, que nos partenaires potentiels du Front de Gauche, négocieraient en coulisses avec une partie du PS critique contre Frèche.
Ce double jeu a provoqué le coup de gueule,
d’un militant du NPA du Pic-Saint-Loup, sous forme d’une tribune présentant son point de vue individuel. Il est évident que si ces négociations dans les coulisses entre PS et FdG devaient être démenties par ce dernier, nous nous empresserions de publier une mise au point.

Les propos ci-dessous n’engagent que son auteur, Antoine, militant du NPA Pic Saint Loup.

François, René et les autres…vous nous gonflez !

Eh ! oui, ce sont mes camarades de la gauche régionale que je vise et donc tout le monde comprendra, suivant les simplismes qui ont la vie dure, que je fais là le jeu de Sarko ! Mais tant pis, je continue car je suis en fait sûr d’une chose pourtant simple sans qu’elle soit, je crois, simpliste : Sarko ce dont il profite à plein c’est des magouilles qui ont cours actuellement à gauche, très à gauche même, en vue des Régionales. Il s’agit bien sûr de ces petites manœuvres dont l’autre gauche se découvre friande et qui montre au peuple sonné et désespéré qu’elle n’est pas si autre que cela en attendant de faire la démonstration qu’elle est à peine à gauche, autant dire plus à gauche du tout.

Pourquoi ce coup de gueule alors que la réunion de la semaine dernière, dans les locaux du NPA 34, réunissait tout le gratin dirigeant de ces partis qui prétendent rompre avec l’ordre régional existant ? Alors que tout ce beau monde a pointé l’accord sur l’essentiel…à quelques réserves près ? Eh bien parce que, dès le lendemain (mais peut-être cela avait-il déjà commencé la veille !), il aura suffi qu’un conseiller régional socialiste claironne à qui voulait l’entendre qu’il était mandaté nationalement par son parti pour monter une liste alternative au dictateur des bords du Lez, il aura donc suffi qu’un représentant de ce parti dont la gauche autre claironnait elle aussi (le clairon est de sortie à gauche) qu’elle voulait s’émanciper pour que les tractations se mettent en place. Et voilà que le PCF met deux fers au feu (mais on susurre qu’avec Europe Ecologie aussi, ces écolos dont on vient d’apprendre qu’au Parlement européen ils ont voté en faveur du nucléaire, eh ! bien, avec eux aussi ça discutaille) : on dit donc oui, d’un côté, à l’indépendance vis-à-vis du PS, au moins au premier tour, on vient faire causette avec le NPA et les autres en vue d’une liste unitaire « de rupture » mais, de l’autre, avant même le premier tour, le voilà , le PC de toujours, qui cause en douce avec les socialos antifrêchistes pour étudier comment faire l’unité avec eux, donc sans le NPA et quelques autres, avec qui, pourtant, on continue à négocier, etc. ! Dérisoire va-et-vient politicien !

Alors voilà pour le parti de François (Liberti), le pressenti ( ?!) pour diriger la liste d’unité à gauche du PS ! On remarquera pour le fun que c’est quand même un tour de force que d’essayer d’éloigner ce parti qui a gouverné (on vous épargne momentanément le national avec Jospin) et continue à gouverner ici avec Frêche et avec Mandroux-l’antiFrêche, en alliance avec le Modem : en votant, avec l’un, les crédits de déménagement du lycée privé de la Pierre Rouge à Montferrier et l’installation d’Agrexco-Vive Israël à Sète et en refusant, avec l’autre, de soutenir les salariés de Dell menacés de licenciements. En ce moment le PCF nous la joue tout bonnement pompidolien en pratiquant la ligne « Le changement dans la continuité » du candidat de la droite aux élections de …1969 ! Rien de nouveau, depuis 40 ans, sous le soleil de la gauche « intramuros », bien dans le système quoi! Et tant pis si, dans cette affaire c’est toujours la continuité qui prend en otage et assassine le changement, c’est-à-dire, dans notre cas, la rupture avec l’ordre libéral et social-libéral. Le PCF continue son petit train-train qui va, qui vient, qui va, qui vient…mais qui reste tel qu’en lui-même, mirage du surplace ! Naufrage programmé !

Disons-le, sans fard, avec mes amis du NPA, sans que je parle cependant en leur nom ici, nous voilà engagés dans une galère innommable : alors que nous croyons ramer collectivement vers l’unité anticapitaliste et antilibérale, nous constatons que des rameurs sont passés dans l’autre bateau, un Titanic politique pourtant, et se retrouvent au chaud dans la cabine du capitaine qui met le cap sur la gouvernance à gauche, celle qui dans 20 régions sur 22 (19 sans Frêche) a été incapable de poser le moindre contre-feu à l’offensive sarkozyenne. Et il n’est pas exclu que ces rameurs émigrés reviennent, au cas où le vent tournerait, au port de l’unité anticapitaliste au premier tour, avant de virer vers l’unité « capitaliste » avec le PS au 2ème ! Les rues montpelliéraines bruissent et murmurent même que, si c’était Frêche qui était en tête au premier tour, « on » pourrait, quand même, envisager d’y aller… pour battre la droite etc. Allez, elle est pas belle notre autre gauche ?

Il faut maintenant que j’en vienne à René (Revol) dont le parti, le PG, colle, depuis sa naissance, au plus près du PCF dans le Front de Gauche. Eh bien ! René, il n’a rien dit et ne trouve rien à redire à ces manœuvres politicardes des copains du Front. Alors que ne rien dire c’est, en politique, bien évidemment parlant et que ce parler-sans mot dire est une belle faute politique. C’est renvoyer aux salariés qui ont encore un œil sur ce qui se passe à gauche mais qui lisent aussi un Midi Libre porté à distiller toutes ces petites infos qui font mal, l’image d’une complicité par le silence (c’est un pape qui disait déjà au 13e siècle ce que l’on a entendu mille fois : :« qui ne dit mot, consent » !), l’image de démarches tacticiennes d’état-major (quel mot !) qui attendent, temporisent, cherchent à éviter le mot de trop qui pourrait fâcher l’allié pourtant si manœuvrier ! Toutes choses qui discréditent la politique et surtout la gauche, l’autre politique. Bref, du côté de René, son silence ne présage rien de bon : au PG la seule chose qu’ils ont trouvé à faire dans le week-end c’est de le désigner comme leur candidat…pour diriger la liste unitaire aux Régionales. Le voilà donc en rival de François pour le leadership à ces élections alors que ledit François n’exclut pas, lui, de laisser le leadership à un socialo ou un écolo dans « l’autre liste ».

Le NPA est unitaire pour deux, pour trois et plus mais, et je précise que je parle vraiment en mon nom personnel, sans l’avoir oublié, il redécouvre que l’unité à gauche de la gauche est traversée par toutes les passerelles vermoulues mais toujours là que les prétendus « alter » conservent avec les « idem ». L’unité est bien entendu une nécessité pour donner sa cohésion à un bloc d’opposition à la droite. Mais dans la vraie vie, on est bien obligés de constater qu’il y a des unités qui sont mises en oeuvre pour donner le change, c’est-à-dire ne rien changer. Car, soyons sincères, ça se serait vu si Buffet et Mélenchon (avec Voynet l’écolo, on ne l’oublie pas !), quand ils étaient au gouvernement de Jospin, avaient contribué à changer la situation des salariés et des autres. Même chose aujourd’hui pour Mandroux et son compère communiste Passet (on ne parle même pas du despote septimanien et son allié communiste Bousquet).

Alors on en conclut quoi de tout ce salmigondis ? Qu’il n’y a plus qu’à se retirer en bon candide voltairien dans son jardin privé et prendre la pose individualiste dépolitisée ? Je propose pour ma part que l’on continue !!! Que l’on continue …en commençant par dire à François, René et les autres qu’il y en a marre de leur complicité semi-ouverte ou tacite avec les lois et pratiques du système politique qui dégoûte et écrase les salariés. Faisons leur savoir dans les réunions publiques, par mails, etc. qu’on n’est pas avec eux. Et qu’au moment de voter (vous verrez ça, ça leur fait peur) il ne faudra pas qu’ils comptent sur nous.

Le NPA est condamné ( !), quant à lui, à poursuivre jusqu’au bout la démarche unitaire qu’il a initiée (voie christique vers un calice à boire jusqu’à la lie prédisent les plus gauchistes). Trop de gens attendent de nous que nous fassions l’impossible pour « y arriver ». Mais le bout du « jusqu’au bout » a sa limite et, comme on peut le constater en lisant ce blog, le NPA a déjà averti qu’il n’est pas de ces manœuvres et qu’il n’en sera pas. La perversion du système politique et médiatique est telle pourtant que, en bout de course, ce refus du NPA de trahir l’esprit d’une authentique politique unitaire dans l’indépendance politique, le refus de faire l’unité pour galvauder l’espoir à gauche, l’exposera à être désigné comme le sectaire diviseur. Façon toute classique d’occulter l’unité opportuniste qui se sera mise en place. Il faudra, dans ce cas-là, un grand sursaut politique pour permettre au NPA de renforcer son poids électoral qui, et c’est là l’essentiel, n’a pour lui d’autre sens que d’être un outil permettant de peser sur les blocages du mouvement social que nous connaissons actuellement. Lequel mouvement social reste, quelle que soit son atonie actuelle, la clé de la sortie du capitalisme.

Mais peut-être François, René et quelques autres vont-ils se réveiller ! Gardons encore un peu d’espoir, le NPA relance ses demandes pour qu’ait lieu une rencontre visant à définir les bases programmatiques d’une unité anticapitaliste et antilibérale. Décidément unitaire pour deux, pour trois ! Et soucieux avec ça du programme car il conditionne la lutte des classes au moment où d’autres pensent lutte des places ! On a parfois l’impression que le NPA est un extraterrestre politique ! Pour moi ce n’est pas un défaut quand je compare avec les minuscules et minables agitations de certains microcosmes labellisés de gauche !

Ah ! encore une chose : que disent de tout cela les copains de la FASE, des Alternatifs, des Objecteurs de Croissance, etc. ? Que font-ils déjà pour que la donne reste à gauche toute ?

Antoine (NPA du Pic-Saint-Loup)
Position personnelle soumise au débat dans et éventuellement hors du NPA

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Ensemble 34