Eric Andrieu, vice-président du conseil régional du Languedoc-Roussillon, responsable du PS de l’Aude, a décidé de se porter candidat au sein du PS, comme tête de liste aux régionnales, face à celui qui ne se présente que pour laisser la place à George Frêche.
C’est la première fois que Frêche est ainsi contesté, comme président de région mais aussi comme président de l’agglomération de Montpellier. H. Mandroux cherche en effet à prendre le contrôle de celle-ci… La situation reste cependant assez confuse, certains ne savent pas encore jusqu’où il faut aller et craignent un retour de baton.
Pour les passionnés,
voir dans Midi Libre
« Eric Andrieu sera bien candidat au poste de premier socialiste en région«
« Autour d’Éric Andrieu (PS), quelques distorsions entre l’image et le son«
et dans Montpellier Journal
Je suis aujourd’hui plus que jamais déterminé à soutenir Éric Andrieu”
« Mandroux peut-elle juridiquement virer Frêche ? »
À notre avis.
Frèche a été exclu du PS pour ses dérapages répétés et ses propos racistes.
Brice Hortefeux a d’ailleurs récemment invoqué le cas Frêche pour tenter de se dédouaner. Et celui-ci a répondu que « Brice Hortefeux n’était pas raciste »
Il y a longtemps que nous appelions les partis de la majorité régionale à couper les ponts avec un homme qui tant par ses pratiques que par ses propos n’a plus rien à voir avec un certain nombre de valeurs communes à la gauche.
On saluera donc ce réveil d’une partie du PS languedocien.
Réveil plus que tardif cependant ! Car les dérapages de Frêche ne datent pas d’aujourd’hui.
On en avait déjà connu lorsqu’il n’était que maire de Montpellier (La mauvaise « blague » sur Ouarzazate lors de l’inauguration du tram 1 à la Paillade). Ils se sont multipliés depuis.
Les élus PS, les élus PCF, une partie des élus Verts (exclus des Verts depuis, pour cette raison) sont restés bien sagement dans la majorité régionale jusqu’à maintenant. On se souvient comment JC Gayssot avait eu l’audace de démissioner de sa vice-présidence…une journée entière… avant de piteusement réintégrer son poste !
Dans ce contexte, G. Frêche ne manquera pas de dénoncer comme « traîtres » ceux qui, jusque-là, n’osaient le critiquer qu’en coulisses et l’on peut donc s’attendre à quelques moments de grande politique…
Si on peut se satisfaire de voir le début de la fin de l’ère Frêche, il y a fort à craindre que le débat de fond ne soit totalement occulté.
S’il y a bien un problème « Frêche », celui-ci est le produit d’un système et d’une politique. Comment expliquer qu’un exclu du PS ait pu si longtemps garder la mainmise sur ce parti ? Comment expliquer qu’il faille attendre la fin du mandat pour que s’affirme une opposition interne à la majorité régionale ? Pourquoi tant de couleuvres ont-elles été avalées avant l’indigestion ?
On entend dans la gauche régionale, ces derniers temps, un nouveau discours : la région aurait un bon bilan, si ce n’est la personnalité de son président. Ca ne tient pas ! Depuis la pitoyable affaire de la « Septimanie » en 2004 jusqu’à la décision de faire venir à Sète, à coup de deniers publics, la société israélienne Agrexco, il y a peut-être les caprices d’un Frêche, mais il y a eu aussi les votes et les silences assourdissants de la majorité !
Sur d’autres terrains, la région aurait-elle mené une politique de gauche ? Dans ce cas, pourquoi donc la droite n’émet elle de critiques de fond que sur une chose : la hausse des impôts au début du mandat !
Andrieu affirme vouloir rassembler la gauche, ce dont il juge George Frêche incapable. Les Verts affichent pour l’instant leur volonté de se présenter de manière autonome au premier tour mais ont indiqué clairement où allait leur préférence. Le PCF et le Parti de Gauche, semblent eux séduits par une liste commune dès le premier tour, de la gauche « anti-Frêche » avec Andrieu et ses alliés…
Ce serait se laisser enfermer dans un débat sur les personnes qui évacuerait les questions et les désaccords de fond.
A l’échelle nationale, le PS dirige 20 régions sur 22. Depuis 2004, il ne s’en est servi ni pour s’opposer au gouvernement ni pour mener une politique alternative à celle qu’aurait menée la droite.
Ici, aucune des personnalités du PS qui soutiennent Andrieu ne se sont démarquées sur le fond politique. Même les pratiques autoritaires tant reprochées à Frêche (à juste titre), on les retrouve aussi chez un Mesquida à Saint Pons par exemple.
Certes, entre Frêche et Andrieu, savoir qui l’emportera, ne nous laisse pas indifférents. L’un pourrait très bien être à la tête d’un parti de droite, l’autre est un notable classique du PS. Cela pourrait avoir son importance au second tour, s’il devait s’agir de faire barrage à l’UMP.
Mais sur l’essentiel, il n’y a rien à espérer de cette querelle interne au PS et à la majorité régionale.
Au début de l’été, nous avions rencontré le PCF, le PG, la Fédération et les Alternatifs… Nous avions convenu de nous retrouver pour avancer vers un projet commun… (voir ici). Le PCF est en train de revenir, après le bref épisode des européennes, à sa ligne traditionnelle d’alliance plus ou moins conflictuelle avec le PS même si ici, il aimerait le PS sans Frêche. Mélenchon, lui, continue de défendre un Front de Gauche élargi au NPA. Il a même repris la proposition du NPA qu’il jugeait avant être un préalable sectaire, celle d’une alliance durable.. Pourtant, ici le PG, à travers René Revol, semble regarder vers cette nouvelle alliance autour d’Andrieu… (voir ici)
La situation est donc plus que complexe et ces partis devront trancher.
Le NPA maintient, lui, sa proposition : rassembler la gauche radicale, celle qui remet en cause le capitalisme, (PC, PG, Alternatifs, Fédération, LO,…) dans une liste unitaire, en totale indépendance vis-à-vis du PS, qu’il soit frêchiste ou en voie de défrêchisation.
A l’échelle nationale, nous voulons affirmer lors des régionales un projet de rupture avec un système capitaliste qui génère la crise sociale et la crise écologique. Cela ne peut se faire avec un PS qui a adhéré à l’économie de marché.
Sur la région aussi, une autre politique doit être menée: mettre immédiatement fin au projet Agrexco, cesser de subventionner les entreprises privées, arrêter de réclamer le doublement de l’A9 et donner une réelle priorité au rail (développement et gratuité des TER, ferroutage), cesser de financer des établissements d’enseignement privé (lycée Saint-Joseph-Pierre Rouge de Montferrier), mettre fin aux dépenses de prestige et de communication pour donner la priorité aux besoins sociaux, démocratiser la région en permettant un contrôle de la population sur les grandes orientations budgétaires (budget participatif), etc.