Un bilan des élections européennes

Un article de David Hermet sur le bilan des européennes paru dans le Motivé-e-s de juillet 2009.

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Élections européennes : quel bilan ?
, article de David Hermet, à paraître dans le prochain « Motivé-e-s

26 millions de personnes soit 60% des électeurs ont boudé les urnes le 07 juin. Parmi eux, d’après les enquêtes, une écrasante majorité des catégories populaires, notamment des ouvriers, et près des ¾ des jeunes de18 à 25 ans. Les premiers à payer les frais de la crise forment donc les gros bataillons de l’abstention.
Cette abstention peut traduire un simple désintérêt, mais elle exprime aussi, en partie, un rejet vis-à-vis des politiques et des institutions de l’UE. Le contraste est sur ce point saisissant avec l’écrasante participation lors du référendum sur le TCE en 2005. Cette abstention touche tous les pays de l’UE y compris les nouveaux entrants. Les institutions européennes sortent de ces élections avec bien peu de légitimité.
L’analyse des scores relatifs de chaque liste doit tenir compte du fait que certaines listes sont plus handicapées que d’autres par l’abstention populaire.

Le pouvoir en place a tout fait entretenir ce climat abstentionniste.
Il fallait surtout éviter que la crise économique et la révolte sociale s’invitent dans le débat électoral. Une inégalité grotesque de répartition du temps a été organisée par le CSA : le PRG qui n’avait ni liste ni consigne de vote a eu 20 minutes! Il n’y a pas eu de débat contradictoire sauf le jeudi avant le scrutin…

Avec 4,98% en métropole, 5,78% en Languedoc-Roussillon, 5,61 sur l’ensemble du Sud-Ouest, le NPA n’a pas fait un mauvais score. Pour mémoire, la liste LCR-LO avait fait 2,7% aux européennes de 2004. Il est cependant en deçà de nos espérances en début de campagne. Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer.
En premier lieu, toutes les enquêtes s’accordent pour dire que le NPA fut le principal parti victime de l’abstention populaire.
On peut aussi noter que le NPA avait bénéficié d’une « bulle médiatique » assez démesurée au moment de son congrès de fondation.
Par contre, au mois de mai, alors que tout le monde attaquait le NPA, depuis la droite jusqu’au Front de Gauche, en passant par certains dirigeants syndicaux, le NPA n’a presque plus eu accès aux grands médias. Il nous a été impossible de répondre à l’avalanche de critiques contre nous. Le « Monde » qui donne le « la » aux autres organes de presse a par exemple refusé une tribune du NPA où l’on expliquait notre proposition d’unité durable alors qu’il ouvrait ses colonnes au FdG. Le mythe du NPA « sectaire » s’est répandu sans que nous puissions y répondre. De même, la petite manipulation organisée par un cadre du PS présenté à la TV comme un ouvrier de Célanèse invectivant Besancenot a fonctionné : le démenti envoyé par la CGT a été bien moins médiatisé que le faux « incident »… On pourrait multiplier les exemples.

Il y a évidemment aussi des éléments à corriger dans la campagne du NPA.
Il s’est mis trop tardivement en campagne.
Il y a eu un décalage entre un discours essentiellement combatif et revendicatif et une mobilisation sociale devenue bien atone au mois de mai. Notre campagne aurait eu un tout autre écho entre janvier et mars. Fin mai, il aurait fallu insister plus sur nos propositions pour une autre Europe, en intégrant à la fois les dimensions sociales et écologiques, cela pour ne pas apparaître « hors sujet » auprès de l’électorat qui est allé voter.

La question du FdG s’est aussi invitée dans notre débat sur le bilan. Rappelons que nous avions proposé une « unité durable » au FdG. PCF et PG avaient refusé de s’engager au-delà du scrutin du 07 juin. Ils voulaient notamment garder la possibilité de s’allier au PS aux régionales de 2010. Les déclarations du PCF au lendemain du scrutin pour un « Front de Gauche » allant du PS au NPA confirment que ce parti continue de faire du PS un partenaire privilégié. Un dirigeant du PCF a expliqué que le FdG devait s’élargir au NPA mais celui-ci devrait accepter des accords de gestion avec le PS. Il y a là une vraie divergence.
Nous n’avons pas su populariser notre proposition d’unité durable tandis que le FdG menait une campagne très agressive contre le NPA. Cela a certainement affaibli le NPA en brouillant son message. Mélenchon peut du coup se satisfaire d’avoir «dépassé le NPA», objectif qu’il s’était lui même fixé. Mais, en réalité, le FdG ne réalise aucune percée. Avec 6,1% contre 5,8%, il améliore de très peu le score du PCF de 2004. Dans une interview parue dans « l’Humanité », le directeur de l’Ifop indique aussi « on remarque ainsi que nous sommes face à deux électorats complémentaires et différents. Le NPA est davantage implanté dans les catégories populaires, ouvriers, employés, et chez les jeunes actifs. Le Front de gauche est quant à lui structuré et porté par un électorat plus diplômé, plus ancré dans le secteur public et âgé ». (voir ici l’ensemble de l’article)
On peut donc penser que les attaques du FdG contre le NPA ont au final plus affaibli l’ensemble de la gauche de la gauche que renforcer le FdG.

Dans un contexte finalement peu favorable, le NPA a montré qu’il est une force nationale avec des scores relativement homogènes. Il n’a loupé une élue dans le Nord-Ouest qu’à 0,2% près.
Dans l’Hérault, le NPA a fait 5,77% mais entre 8 et 10 % dans le haut Hérault en difficulté économique (vers Saint Pons, Bédarieux, Saint Gervais, Olargue…). Il a aussi de bons scores dans les quartiers populaires (Montpellier : 7,6 % à la Paillade, 6,8 % à Croix d’Argent-Mas Drevon). Il réalise aussi autour de 5% à Sète et Béziers, villes où la gauche radicale avaient toujours eu de faibles scores.

Dans quelques mois ont lieu les élections régionales. Le NPA a décidé de refaire sa proposition d’unité conséquente à toutes les forces politiques de la gauche anti-libérale ou anti-capitaliste (Alternatifs, Cuals, LO, PCF, PG,…) .
Nous proposons que ces forces fassent liste commune au premier tour sur un programme incluant des mesures de rupture avec le capitalisme, une critique de la gestion des régions par le PS et des propositions alternatives.
Ces listes doivent être à nos yeux indépendantes du PS. Ce qui implique une présentation autonome au premier tour et le refus de cogérer ces régions sous la domination du PS, parti qui accepte le capitalisme.
Afin de battre la droite et d’assurer une représentation de la liste, nous pouvons envisager une fusion de second tour avec la liste de gauche (donc sans le Modem) arrivée en tête, la condition étant que les élus de la liste restent indépendants, c’est-à-dire libres de voter pour ou contre les mesures proposées. À l’inverse un accord de gestion oblige les élus à voter pour des mesures qu’ils désapprouvent sous prétexte de solidarité majoritaire.
En Languedoc-Roussillon, un autre problème va aussi se poser si le PS choisit à nouveau Frèche comme représentant, exclu de ce parti pour ses propos racistes.

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