Editorial de Motivé-e-s, septembre 2007, mensuel 100% à gauche de l’Hérault, publié par la LCR 34
L’été nous a offert une saisissante illustration de ce qu’est la droite décomplexée.
Le président se fait offrir des vacances de luxe par un milliardaire puis présente sa politique économique devant le MEDEF, sans oublier de se jeter sur tel ou tel fait divers tragique pour multiplier les déclarations démagogiques.
Et comme annoncé, l’été a été aussi celui des mauvais coups : loi d’autonomie des universités, franchise médicale, chasse brutale aux sans-papiers…..
Face à cette droite à l’offensive, une première urgence est à la construction d’un large front de résistance politique et social.
En effet, on ne peut pour l’instant que constater la timidité des réactions de nombreuses organisations. La droite a très bien compris qu’en annonçant le « pire », elle pouvait faire ensuite passer le « très mauvais » agrémenté en plus de déclarations sur sa capacité d’écoute et de dialogue.
À ce rythme-là, il y a bien un risque qu’elle fasse passer sa politique sans rencontrer de résistances massives.
Pourtant, autant les mobilisations sociales (les énormes manifs anti-cpe, souvenez vous, c’était il n’y a pas si longtemps) que le Non de 2005 ont montré que l’offensive libérale pouvait rencontrer de sérieux obstacles dans ce pays.
La victoire de Sarkozy est incontestable, certes, mais pour le passage aux travaux pratiques, rien n’est écrit d’avance. La franchise médicale est une attaque frontale qui en annonce d’autres. Elle est impopulaire. Le déficit de la sécu vient d’abord du chômage massif et des exonérations de « charges » sociales. Il n’est pas non plus normal que les laboratoires pharmaceutiques fassent des profits colossaux. Un large mouvement peut se constituer autour du droit à la santé pour refuser cette « franchise » et exiger une autre politique.
La santé n’est pas une marchandise, elle vaut beaucoup plus que leurs profits !
CONSTRUIRE UN NOUVEAU PARTI
Pour aider aux mobilisations sociales et parce que seules elle ne suffiront pas à faire reculer la droite, il faut aussi construire une alternative politique.
Le PS, d’habitude, se contente d’attendre les prochaines élections pour espérer revenir au pouvoir. Ce coup-ci, certains de ses dirigeants en ont visiblement marre d’être patients, ils passent donc directement ou avec plus de contorsions dans le camp d’en face. Une autre partie du PS propose elle une alliance du PS et de ses partenaires traditionnels avec le « centre » notamment pour les municipales.
Le spectacle ainsi donné rend d’autant plus urgent la construction d’une nouvelle force clairement à gauche.
La LCR ne renie ni son passé ni ses idées, elle sort renforcée et rajeunie de la dernière période.
Nous sommes cependant conscients de nos responsabilités et nous sommes convaincus qu’un simple grossissement et relookage de la ligue ne fera pas d’elle une force suffisante pour résister et passer à la contre-offensive.
Il y a la place pour un nouveau parti politique. Un parti inscrit dans les luttes et indépendant du PS et de ses alliés. Un parti féministe, écologiste, anticapitaliste, luttant pour un socialisme démocratique. Ce parti, nous ne souhaitons le construire ni à partir de la ligue seule, ni à partir d’un cartel d’organisations.
Nous nous adressons à toutes celles et ceux, individus ou groupes militants, qui partagent ce projet pour le construire ensemble et dans un processus le plus démocratique possible. Le pari est peut-être difficile, mais il vaut d’être tenté.