Il y a quelques semaines, un représentant du conseil général avait évoqué un « mur » pour séparer les futurs élèves étudiant l’occitan de ceux du quartier. Voir ici.
Retour ci-dessous sur la situation de ce collège « ambition réussite », euphémisme désignant les collèges difficiles des quartiers défavorisés, et masquant de nouvelles attaques contre le service public d’éducation dans les ex ZEP.
Retour ci-dessous sur la situation de ce collège.
Cet abus de langage cache en fait une destruction pure et simple de l’Education Prioritaire en France déjà bien moribonde depuis les nombreuses contre-réformes que subit l’Education Nationale année après année.
La dernière en date : la suppression de la carte scolaire pourrait bien signer définitivement son arrêt de mort. En effet, lors des présidentielles Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal avaient tous deux présentés la fin de la sectorisation comme le meilleur moyen de rétablir la mixité sociale dans les établissements scolaires. Mesure très populaire auprès des parents d’élèves mais qui produit l’effet totalement inverse de celui escompté.
Dans les établissements « Ambition Réussite » comme le nôtre, nous ne pouvons que constater que la ségrégation sociale en est renforcée.
Ainsi, nous assistons depuis trois ans maintenant à une fuite effrénée des élèves puisque les effectifs sont passés de 713 élèves en 2005 /06 à 397 élèves prévus pour la rentrée 2009. Cette perte d’élèves s’accompagne bien sûr d’une perte des moyens, contrairement aux promesses faites par Xavier Darcos qui avait assuré que les moyens seraient maintenus pour « inverser la fatalité » pesant sur ces établissements.
Donc c’est le cercle infernal : on perd des élèves, le rectorat supprime des moyens, des divisions, des postes de professeurs et de personnels administratifs, les conditions se dégradent et par conséquent la réputation de l’établissement baisse encore et les élèves fuient…..
L’Inspection d’Académie veut faire porter la responsabilité de la mauvaise réputation du collège sur les personnels qui revendiquent sans cesse, bloquent le collège et s’opposent à l’application locale de la politique gouvernementale et affirment qu’ils renvoient une image négative de l’établissement qui fait peur aux familles. Nous sommes au contraire persuadés qu’il est primordial de montrer à ces populations délaissées qui vivent déjà dans des conditions difficiles dans des quartiers défavorisés et se sentent souvent mises à l’écart de la société qu’il nous importe, en tant qu’agents du Service Public d’offrir à leurs enfants les meilleures conditions d’apprentissage qu’il soit possible de leur donner.
Le Conseil Général de l’Hérault, par l’intermédiaire de Pierre Maurel, son vice-président nous avait jusqu’alors assuré de son soutien. Mais lorsqu’il laisse entendre par voie de presse (midi Libre 19 déc. 2008) que le CG a lourdement investi dans les bâtiments et le matériel scolaire (16,3 M d’euros) et que le collège est sous-utilisé, on ne peut que se poser des questions sur la façon dont il envisage de rentabiliser ses investissements.
L’idée d’avoir « un collège 100% marocain à Montpellier » semble être insupportable et M. Maurel propose pour « apporter de la mixité » dans un établissement qui se ghettoïse de plus en plus d’y greffer un collège privé occitan en manque de locaux dignes de ce nom.
Attention, la greffe n’est que symbolique puisque les deux entités ne peuvent se mélanger eut égard à la loi qui dit que les deux collèges doivent être « étanches » !
D’où la nécessité de construire une séparation (un mur ? un grillage ? des barbelés ?) pour séparer les deux populations : les élèves maghrébins d’un côté et les élèves occitans de l’autre. Faudra-t-il creuser des tunnels pour se rencontrer ?
Comment ne pas penser à la bande de Gaza ? Qui peut imaginer qu’une telle idée puisse être acceptée tant par les parents d’élèves que par les personnels ; sans parler des enfants auxquels on va demander de bien vouloir se serrer un peu d’un côté du mur pour que d’autres enfants de culture différente puissent s’installer à leur place.
Le Conseil Général s’est dit étonné du tollé qu’a provoqué cette proposition et a fait savoir, toujours par voie de presse (Midi Libre du 24 avril 2009) qu’il abandonnait cette idée. Mais il a bien insisté sur le fait que, si le collège continuait à perdre des élèves, il serait fermé d’ici 2 à 3 ans.
Donc, nous avons d’un côté un gouvernement qui ne parle plus du tout de l’Education Prioritaire et exhorte les familles à quitter les établissements difficiles et de l’autre les pouvoirs locaux qui veulent rentabiliser au moins leurs investissements tout cela au détriment d’une vrai ambition pour la réussite du plus grand nombre d’enfants issus des quartiers les plus déshérités.
Catherine Garabédian.