Scandale : Le mur scolaire à Las Cazes

Frèche n’a pas le monopole des provocations. Le vice président du conseil général, a parlé de séparer le collège Las Cazes en deux entités, séparées par un mur étanche, cela pour ne pas mélanger les nouveaux élèves à ceux du quartier !

Message de Catherine Garabédian professeur Las Cazes

Pierre Maurel, vice-président du Conseil Général chargé de l’éducation a des idées pour le collège Las Cazes à Montpellier :

– “Faire d’une pierre deux coups” en accueillant le collège occitan de Grabels” (collège privé associatif) dont les locaux sont en très mauvais état, ce qui selon M. Maurel pourrait apporter de la mixité en amenant 100 élèves à Las Cazes et permettrait d’optimiser l’utilisation de locaux sous utilisés. L’idée pourrait sembler séduisante de prime abord mais l’Inspection Académique obligerait le CG à rendre les deux structures “étanches” ! Quid de la mixité puisqu’on nous a expliqué qu’il faudrait isoler les cours de récréation, les bâtiments de cours, le CDI, le réfectoire et construire un internat. Bref, un ghetto occitan et un ghetto maghrébin côte à côte. Stupeur et indignation, du personnel qui pense à d’autres murs de la honte… Et il ajoute “ si vous n’acceptez pas ce sera la fermeture d’ici 2 ou 3 ans.”.

Le collège Las Cazes, un des derniers service public dans ces deux quartiers sinistrés de Montpellier que sont le Petit Bard et les Cévennes, est donc voué à disparaître. Comment ne pas ressentir de la colère contre un pouvoir politique qui se dit “de gauche” et propose d’y instaurer un “apartheid social”. Comment ne pas craindre un embrasement dans le collège et dans les quartiers face au cynisme de nos élus. La vrai justice sociale serait de donner plus à ceux qui ont moins pour qu’enfin ces populations qui se sentent oubliées et stigmatisées aient enfin une place dans notre société.

Lettre ouverte d’un enseignant

Eric Véron
Prof au collège Las Cazes
125, rue Cantegril
34000 Montpellier

Le 1er avril 2009

Madame, Monsieur,

Vendredi 27 mars 2009, au collège Las Cazes, lors d’une réunion avec les représentants des personnels et des parents d’élèves, M. Pierre Maurel, Conseiller Général du Parti Socialiste, chargé de l’éducation pour tous, est venu faire une proposition après en avoir discuté avec le Président du Conseil Général de l’Hérault, Monsieur André Vézinhet.
Cette proposition consiste à installer dans les locaux de l’établissement, les élèves du collège occitaniste calandreta Leon Còrdas actuellement implanté sur la commune de Grabels, mais, en veillant à édifier une séparation étanche, entre les élèves de Las Cazes et ceux de Leon Còrdas. Le mot « étanche » a été plusieurs fois répété par ce monsieur, devant l’incrédulité unanime des personnels et des parents d’élèves.
Par ailleurs, ce monsieur a précisé qu’il n’est pas opposé à l’ouverture d’un portillon de communication entre les deux territoires.
Lors de cette réunion, M. Maurel était accompagné de M. Christian Bouillé, Conseiller Général PS, chargé de l’insertion et de l’économie des besoins.

Les personnels du collège Las Cazes ainsi que les parents se sont sentis insultés par cette idée.
Nous qui essayons chaque jour d’ouvrir l’esprit de nos élèves sur le monde extérieur afin de tenter de combattre une ghettoïsation croissante, nous sommes tristes et choqués par une telle idée, qui, si elle avait été émise par un élu de la droite ou de l’extrême droite aurait sans aucun doute provoqué un tollé.
Il est vrai que nos élèves sont très difficiles, mais avec un tel « mur de séparation », la situation empirerait très vite, nourrissant un sentiment de rejet et de mise à l’écart, source de colère et de violence. Alors que c’est exactement le contraire qu’il faut faire.
On serait même en droit de se demander : « D’où vient la violence ? N’est-elle pas d’abord institutionnelle ? »

Par ailleurs, Monsieur Maurel reproche aux enseignants de n’être ni « avant-gardistes », ni « progressistes », en nous invitant à concevoir des projets pédagogiques pour que les élèves occitans rencontrent les élèves de Las Cazes.
Les projets pédagogiques imaginés, inventés, réfléchis, conçus, élaborés, mis en œuvre par les professeurs du collège ne cessent pas malgré les difficultés de notre métier, comme par exemple des effectifs à 26 élèves par classe en moyenne au lieu de 22 avant notre classement ’’Ambition Réussite’’ en 2007.
Théâtre, cinéma, arbitrage, section sportive, musique, chorale, pleine nature, informatique, sciences, sorties, séjours…. sont autant d’exemples de projet qui montrent que les profs ne comptent pas leurs heures, ni ne ménagent leur investissement.

Comment imaginer un projet pédagogique entre des élèves séparés au sein d’un même établissement par une séparation étanche construite par des pouvoirs publics ? De Gauche ?

Un projet citoyen vantant les mérites de la communication et de l’échange culturel ?
Un projet critique de l’action politique au 21ème siècle, dans un département socialiste du sud de la France ?
Une étude comparative entre l’Apartheid en Afrique du Sud en 1948 et la Ghettoïsation d’un collège de la République en France, Pays des Droits de l’Homme, en 2009 ?
Un traité de l’environnement sociétal entre la construction du mur de Berlin en 1961 et la séparation étanche de Las Cazes en 2009 ?

Je suis, nous sommes, scandalisés, désabusés, anéantis, démoralisés.

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