« Le mot “rafle”, ce n’est pas accidentel»

La coordination des comités de soutien aux sans-papiers réagit aux propos du secrétaire d’Alliance police nationale dans MidiLibre.

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MIDI LIBRE Edition du 10 Octobre 2007

« Le mot “rafle”, ce n’est pas accidentel»

La coordination des comités de soutien aux sans-papiers réagit aux propos du secrétaire d’Alliance police nationale

Dans une interview parue dans Midi Libre , Philippe Sebag explique que « parler de rafles est une insulte envers les policiers » et évoque « certaines associations ».

On s’est senti visé car nous sommes la seule association à employer ce terme pour désigner l’action policière ayant cours à Montpellier. Le mot “rafle”, on l’a sciemment utilisé, ce n’est pas accidentel. Mais nous n’avons, à aucun moment, souhaité jeter l’opprobre sur les forces de l’ordre. Notre objectif est de décrire un état de fait.

Mais c’est un terme lourd de sens, plutôt tétanisant…

Si on ouvre un dictionnaire, on se rend compte qu’au-delà de la polysémie du mot, ce qui relie les différentes utilisations du terme est la notion de totalité. Or, dans le cas des interpellations massives actuelles, l’utilisation est correcte pour trois raisons. Premièrement, la notion de chiffre qui est assumée par le gouvernement et qui consiste à déterminer à l’avance le nombre d’expulsions que l’on va réaliser. Ensuite, le contrôle systématique des individus d’une zone territoriale délimitée par le biais d’une réquisition du procureur. Enfin, le bouclage de la zone qui empêche toute personne de s’y soustraire.

En fait, on nous accuse de faire le parallèle avec les années 40 en France et les rafles qui ont eu lieu. Mais la comparaison se réduit aux méthodes d’interpellation. Ça ne préjuge pas du destin des raflés. On ne compare nullement les finalités des politiques appliquées sous le régime de Vichy et celles d’aujourd’hui.

En quoi trouvez-vous ce mot juste et approprié ?

Ici, des bus et tramway sont bloqués, avec contrôle exhaustif de l’ensemble des passagers, entraînant pour certains un ordre de reconduite à la frontière. Des réquisitions du procureur ont lieu chaque semaine pour le quartier de Figuerolles, où des commerces sont contrôlés de manière systématique par la police nationale ou la police aux frontières. Le plus souvent, ils sont menottés, insultés, intimidés, comme des criminels. Nous continuerons à utiliser le terme de rafles tant que les pratiques policières, rendues possibles par les ordres qui sont donnés, se maintiendront.

Et votre position concernant l’affaire de ce couple franco-turc, interpellé par la Paf après être venu déposer leur dossier de mariage à la mairie (Selon la mairie, les conclusions de l’enquête administrative diligentée pour faire la lumière sur cette affaire seront rendues publiques en fin de semaine.) ?

La mairie ne peut plus se défausser, il faut qu’elle assume le fait qu’elle aide la police en dénonçant les sans-papiers. Il y a des coïncidences qui ne trompent pas. Comment expliquer le fait que les agents se trouvaient à la sortie des locaux sans réquisition légale ? C’est particulièrement choquant de la part de la mairie car ce n’est pas sa mission. On espère que la municipalité va rapidement nous donner des explications au sujet de leurs liens étroits avec la préfecture, tant pour les actions de la police municipale que pour celles liées au dépôt de dossier de mariage.


Recueilli par J. B.

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