Julie, lycéenne à Clémenceau, Montpellier, revient sur un mois de mobilisation. Ci- dessous aussi déclaration de la coordination lycéenne de Montpellier.
Sur la mobilisation de la jeunesse à Montpellier : voir aussi les photos et autres articles ici ici
Sur les initiatives prises après les sanctions et interventions policières évoquées ci dessous, voir ici
Celle ci met en place une restructuration complète du lycée avec un fonctionnement proche de celui des facs. C’est à dire la semestrialisation de l’année (avec une semaine d’examen et d’orientation à la fin de chacun) et la mise en place de modules (21 h de tronc commun, 6 h d’options et 3h de soutient et d’orientation), ce qui engendrera la perte de la valeur nationale du bac vu l’individualisation des parcours.
De plus il y a une dévalorisation du BAC car lors de l’examen de fin de semestre il y aura une réorientation si le niveau n’est pas acquis ou si les élèves le souhaitent ou y sont incités.
Comment des élèves pourront suivre un cours avec d’autres qui le pratiquent depuis un semestre ?
La réponse de Xavier Darcos est la division des classes en deux, or 80 000 suppressions de postes vont s’ajouter d’ici 2012 aux 11 300 de cette année.
D’après notre analyse, les modules exploratoires (ou options) seront réparties dans les lycées suivant le budget et le milieu social.
La similitude avec les facs se note aussi par l’autonomie financière des établissements (type LRU). Un autre point qui inquiète énormément les lycéens et les professeurs est la casse des Sciences économiques et sociales (SES) (séparation de l’économie et de la sociologie et un programme d’économie d’Entreprise poussant au formatage des esprits dans une société où l’on ne sera plus armé et formé à un esprit critique valable).
La suppression de certaines filières essentiellement technologiques et artistiques mobilise aussi.
De plus une réduction des redoublements afin de s’aligner sur les statistiques européennes est une entrave au droit à une seconde chance et vu comme un moyen de faire des économies sur le dos des lycéens.
Enfin nous déplorons la faible concertation qu’il y a eu pour l’élaboration de cette réforme qui est applicable dès la rentrée scolaire prochaine. Rappelons que nous partageons l’idée de réformer l’éducation nationale telle qu’elle est aujourd’hui mais que nous nous opposons à des réformes que l’on juge inacceptable et dégradante pour notre formation et nos garanties futures.
Face à de telles attaques, une organisation se met en place par le biais de comités de mobilisation dans chaque lycée important et d’une coordination lycéenne locale.
Le mouvement a été impulsé par les lycées Georges Clemenceau, Jules Guesde et Jean Monnet vendredi 5 décembre et s’est ensuite étendu sur les lycées d’Agropolis, de Joffre, de Mermoz, de Champollion, de Mendés France et de la Colline. Ces trois premiers lycées sont à nouveau en lutte constante depuis mercredi (blocages, manifestations, AG, réunions d’information, …).
Vendredi 12 décembre tous ces lycées ont été mobilisés et se sont notamment réunis pour manifester dans le centre ville à plus de 2000 lycéens. Ce mouvement qui paraît idyllique a été entaché par de nombreuses violences policières.
2. La mobilisation lycéenne contre la réforme Darcos, qui entraîne un remodelage complet du lycée, un creusement des inégalités et une dégradation structurelle de l’éducation nationale, est en pleine expansion.
Il y a de plus en plus de lycées bloqués, occupés et mobilisés.
Face à celle-ci, le ministre de l’éducation nationale, Xavier Darcos, s’est contenté d’annoncer un report d’application de la réforme et davantage de concertation. Il ne remet pas en cause le contenu de sa réforme et souhaite calmer la situation « sur le vif » ambiante et faire passer sa réforme un peu plus tard, en espérant qu’il n’y ait plus d’agitation. Il est clair que ce n’est qu’une duperie supplémentaire médiatique et stratégique de la part du ministre afin de casser le mouvement.
Les lycéens ne sont pas dupes et la mobilisation continue. Mardi 16 décembre, elle a touché son plein avec plus de 7000 manifestants à Bordeaux, 6000 à Nancy, 2500 à Paris, 2000 à Toulouse, 1000 à Montpellier et à Lille.
Non seulement les mouvements persévèrent mais ils reprendront après la trêve des fêtes de fin d’année. Sud Lycéen ne souhaite aucune négociation mais le retrait pur et simple de cette réforme des lycées que nous ne considérons viable sur aucun point. Les lycéens sont de plus en plus informés, organisés et déterminés.
3. La réforme Darcos s’inscrit dans une démarche globale de casse du service publique et notamment de l’éducation nationale.
La lutte actuelle n’est pas simplement contestataire, nous descendons dans la rue et exprimons notre position afin de réclamer une éducation de qualité, publique, laïque et accessible à tous.
Nous ne sommes pas contre une réforme car le système éducatif actuel est déjà largement critiquable mais nous refusons de cautionner une réforme qui vise à agrandir davantage le fossé des inégalités. Dans cette logique nous nous joignions aux mobilisations des autres secteurs de l’éducation (primaire, secondaire et supérieur) et donc refusons clairement la suppression des RASED, des maternelles, de 91200 postes dans les lycées (commencées l’année dernière et qui sont censées continuer jusqu’en 2012), la lutte des IUT, … Toutes ces contestations sont légitimes et font partie d’un tout. Nous avons conscience que c’est ensemble que nous gagnerons.
La dynamique de cette mobilisation semble différente de celles des autres années. Un ras le bol général de cette société se fait ressentir et est exprimé, pas toujours par les meilleurs moyens (poubelles brûlées, casses, bastons, …). La rage, le mécontentement et le sentiment d’injustice sont continuellement présents.
4. Répression administrative :
à Clemenceau : 16 exclusions de 3 jours envers un groupe d’élèves ayant légèrement perturbé les cours en étant agité dans les couloirs pdt 5 min … Les élèves exclus font tous partie intégrante du noyau dur du mouvement et ont conscience de leurs actes et des motifs de leur combat. La sanction définie par Mme Barbé, la proviseure est intolérable car très disproportionnée et apparaît comme une intimidation envers leur engagement plutôt qu’une sanction disciplinaire pour « bêtises ». De plus la proviseure a reconnu ces élèves à partir de photos qu’elle a elle même prises au sein de l’établissement à l’aide de son appareil numérique personnel. Face à ça un front de soutient a été crée et a regroupé des parents d’élèves dont la FCPE, des professeurs et de nombreux lycéens. Plusieurs entretiens avec la direction ont eu lieu ainsi qu’une action symbolique devant le lycée (environ 60 personnes bâillonnées et tenant des pancartes), une lettre de soutient aux exclus et demandant l’exclusion de tous les signataires a été réalisée ( … signatures), une pétition a aussi tourné (noms).
Dans ce même lycée une surveillante a été menacée d’être virée si elle apparaissait comme trop complice ou complaisante au mvt …
A Jules Guesde (Mas de Tesse) deux élèves phares du mouvement ont été menacés directement par leur proviseur « vous allez prendre cher » …
S’ajoutent à ces répressions administratives de très nombreuses dérives policières. Les abus et provocations ont été quotidien (arrestations abusives, coups de poings au visage, dans le corps, coups de rangers, de matraques, insultes, intimidation orale ou physique, usages à plusieurs reprises des bombes lacrymaux et des gaz poivrés ainsi que des bombes assourdissantes, …). Malgré des tensions importantes qu’il y a eu (surtout devant les lycées Clemenceau et Mermoz) ces actes étaient quasiment toujours excessifs.
Cela exprime la crainte du gouvernement face à cette agitation montante, aiguisée chaque jour par de nouvelles actions et un élargissement des zones impliquées.
5. Des AG ds ts les lycées st organisées. Des comités d’organisation sont souvent ressortis (naturellement ou par élection), la coordination locale est en cours de création.
Bcp des jeunes de ces comités sont syndiqués à Sud Lycéen. On reste en perpétuel contact. Beaucoup de réunions et de boulots effectués (débats, réflexions, stratégies, tracts, affiches, …). Cpdt les syndiqués Sud Lycéens ne ressortent pas comme tel, contrairement aux rares membres de l’UNL qui profitent de chaque occasion pour s’étiqueter ou se mettre en avant. La FIDL est inexistante sur mtp.
6. Au mois de janvier la mobilisation va repartir. Les actions d’informations (AG, diffes, affichages, passages ds les classes, réunions d’information, …) vont continuer. Il y aura certainement des actions symboliques mises en place avec les parents d’élèves et les profs. Il y aura aussi surement des blocages et évidemment de nombreuses manifestations. La mobilisation devrait reprendre encore plus fort à la rentrée car les lycéens sont plus que jamais déterminés et mobilisés.
Julie (lycéenne Clémenceau)
Julie au micro
DÉCLARATION DE LA COORDINATION LYCÉENNE DE MONTPELLIER
Face à une nouvelle attaque du gouvernement envers l’éducation nationale, les lycéens de Montpellier se mobilisent contre la réforme Darcos. Celle ci met en place une restructuration complète du lycée avec un fonctionnement proche de celui des facs. C’est à dire la semestrialisation de l’année (avec une semaine d’examen et d’orientation à la fin de chacun) et la mise en place de modules (21 h de tronc commun, 6 h d’options et 3h de soutient et d’orientation), ce qui engendrera la perte de la valeur nationale du bac vu l’individualisation des parcours. De plus il y a une dévalorisation du BAC car lors de l’examen de fin de semestre il y aura une réorientation si le niveau n’est pas acquis ou si les élèves le souhaitent ou y sont incités. Comment des élèves pourront suivre un cours avec d’autres qui le pratiquent depuis un semestre ? La réponse de Xavier Darcos est la division des classes en deux, or 80 000 suppressions de postes vont s’ajouter d’ici 2012 aux 11 300 de cette année. D’après notre analyse les modules exploratoires (ou options) seront réparties dans les lycées suivant le budget et le milieu social. La similitude avec les facs se note aussi par l’autonomie financière des établissements (type LRU). Un autre point qui inquiète énormément les lycéens et les professeurs est la casse des Sciences économiques et sociales (SES) (séparation de l’économie et de la sociologie et un programme d’économie d’Entreprise poussant au formatage des esprits dans une société où l’on ne sera plus armé et formé à un esprit critique valable). La suppression de certaines filières essentiellement technologiques et artistiques mobilise aussi. De plus une réduction des redoublements afin de s’aligner sur les statistiques européennes est une entrave au droit à une seconde chance et vu comme un moyen de faire des économies sur le dos des lycéens. Enfin nous déplorons la faible concertation qu’il y a eu pour l’élaboration de cette réforme qui est applicable dès la rentrée scolaire prochaine. Rappelons que nous partageons l’idée de réformer l’éducation nationale telle qu’elle est aujourd’hui mais que nous nous opposons à des réformes que l’on juge inacceptables et dégradantes pour notre formation et nos garanties futures. Face à de telles attaques, une organisation d’ampleur se met en place par le biais de comités de mobilisation dans chaque lycée important et d’une coordination lycéenne locale. Le mouvement a été impulsé par les lycées Georges Clemenceau, Jules Guesde et Jean Monnet vendredi 5 décembre et s’est ensuite étendu sur les lycées d’Agropolis, de Joffre, de Mermoz, de Champollion, de Mendés France et de la Colline. Ces trois premiers lycées sont à nouveau en lutte constante depuis mercredi (blocages, manifestations, AG, réunions d’information, …). Aujourd’hui vendredi 12 décembre tous ces lycées ont été mobilisés et se sont notamment réunis pour manifester dans le centre ville à plus de 2000 lycéens. Ce mouvement qui paraît idyllique a été entaché par de nombreuses violences policières.
Au lycée Mermoz le Jeudi 11 Décembre, les élèves du lycée ont agi à l’entrée Pompignane. Suite à cette action l’administration a fermé l’entrée principale du lycée. Malgré la présence des forces de l’ordre devant l’établissement, les élèves ont tenu le blocage jusqu’à l’arrivée de Jules Guesde aux alentours de 11h. A ce moment là, des troubles ont effrayé les CRS qui ont chargé aveuglément avant de débloquer le lycée et de tenter de disperser les1200 lycéens présents. La BAC aussi était présente et a procédé à l’arrestation de trois casseurs qui avaient défié les forces de l’ordre en leur jetant des projectiles. Face à cette situation les élèves se sont dispersés. Vendredi 12, un comité de 15 personnes s’est rejoint à 6 heures du matin où les CRS les attendaient déjà. A 7 heure les lycéens ont démarré le blocage avant de faire une AG et de le voter. Tout s’est passé sans problème hormis quelques casseurs qui jetaient des fumigènes. Les élèves concernés ont été écartés du blocus par les manifestants afin d’éviter toute émeute .Un cortège de 200 élèves a rejoint la manifestation lycéenne au centre de Montpellier.
Sur Jules Guesde le jeudi 11 la décision a été prise de ne pas faire de blocus fort car Clemenceau aurait sûrement besoin d’aide, vue la forte répression policière de la veille. 450 élèves de Jules Guesde sont donc partis de leur lycée en se dirigeant vers Clemenceau. En présence d’une forte répression policière, les manifestants sont restés pacifiques et se sont contentés de répondre aux violences par des slogans. Ils ont alors eu recours aux gaz lacrymogènes contre les nombreuses personnes présentes. Pour que la situation ne s’aggrave pas, les élèves de Jules Guesde ont décidé de se rassembler pour se rendre a Mermoz . Le comité de mobilisation du lycée Jules Guesde s’est regroupé devant son établissement dés 4 heures du matin. Les CRS sont intervenus vers 6 heures pour débloquer le lycée assez violemment en nous lançant dessus le matériel utilisé. Ils se sont donc rassemblés devant les portails afin d’y faire une chaîne humaine et encore une fois, le déblocage fut violent ( élèves jetés à terre, …). Les autres lycéens se sont rassemblés devant leurs établissements en soutien au mouvement. Plus tard dans la journée, un cortège de 600 personnes a rejoint la manifestation où nous étions 2000.
Au lycée Clemenceau, point de rassemblement récurant pour les lycéens mobilisés, les répressions policières ont atteint leur apogée. Après les avoir débloqués très violemment en n’hésitant pas à les frapper (coup de poing dans la figure, sur le corps, …), les étrangler ou en leur lançant les poubelles utilisées pour le blocage de l’entrée principale (les collégiens ainsi que les lycéens qui le désiraient pouvaient rentrer par les autres entrées totalement libres). Face aux manifestants présents et motivés devant le lycée et bloquant l’avenue Clemenceau pour exprimer davantage leur mécontentement, les forces de l’ordre ont eu recours aux lacrymogènes et gaz poivrés pour nous disperser, sans succès. Les parents d’élèves présents en soutien du mouvement ont également été atteints. Le Lycée Clemenceau a été également le théâtre de deux arrestations plutôt sommaires, dont un parent d’élève protégeant son fils. Des violences verbales et des menaces en tout genre venant des forces de l’ordre essayaient de nous intimider. Ces derniers, plutôt nerveux, ont pratiquement tous oublié le sens du mot courtoisie. Hélas nous n’avons pu contrôler tout les casseurs( poubelles brûlées…). Nous avons pu également noter un net changement de comportement de la part des C.R.S en présence de journalistes (malheureusement pas tout le temps présents). Leurs actes devenaient moins violents. Deux groupes de deux élèves ont pu rentrer dans le lycée qui était régulièrement bloqué par les policiers. Ces élèves ont pu passer dans les classes pour faire de l’information, les professeurs étaient très coopératifs, non seulement beaucoup d’entre eux sont hostiles à la réforme mais en plus trouvent inacceptables et choquantes les violences policières. Arrivés au lycée Mermoz, où nous étions 1200, il y avait aussi un grand nombre de CRS .Un casseur a brûlé une poubelle et la police a alors chargé sur les élèves de Jules Guesde qui venaient à peine d’arriver. Ils en ont aussi profité pour se servir des bombes lacrymogènes . Le comité de mobilisation a encore une fois rassemblé leurs cortèges pour éviter des affrontements.
La répression policière nous unit et nous renforce dans nos convictions et notre motivation pour mener la lutte jusqu’à la victoire.La mobilisation loin de s’affaiblir s’accentue. Chaque jour le nombre de mobilisés et d‘informés augmente . La semaine prochaine nous envisageons de continuer nos actions et de nous concentrer sur l’organisation et l’information . Nous comptons donc multiplier les AG, les interventions dans les classes, les tables d information et nous appelons à une manifestation mardi à 10 heures au Peyrou ainsi qu’à la manifestation nationale de jeudi . De plus nous sommes en relation avec un grand nombre de lycées mobilisés avec lesquels nous prévoyons la suite de la mobilisation après la trêve des fêtes de fin d’année. Enfin nous sommes solidaire des différents mouvements en cours contre la casse de l’éducation nationale.
La coordination lycéenne de Montpellier.
Mobilisation du lycée Clémenceau de Montpellier décembre 2008.