A KP1-Bédarieux, la majorité des salariés de la production, même avec 25 ans d’ancienneté, sont payés au Smic horaire brut (8,63 euros). Une grève y a démarré.
L’usine gardoise de ce groupe avait reçu en mai la visite de Sarkozy, venu féliciter la direction pour sa politique de maintien en activité de ses salariés « seniors ».
Sarkozy a choisi Pujaut (Gard), le 6 mai 2008, pour visiter une usine du groupe KP1. Le site industriel de Pujaut s’inscrivait dans le cadre d’un déplacement présidentiel ayant pour thème « l’emploi des seniors ».
Car en effet Sarkozy flatte les seniors (les politiciens avant lui avaient oublié de le faire) alors que les entreprises se débarrassent des seniors ou refusent de les embaucher : trop lents, trop revendicatifs, inutilement compétents et polyvalents, disent les DRH… et de plus les seniors acceptent mal les bas salaires. On les comprend puisque, pour les patrons, un bon salarié est un smicard !
Après avoir laminé la concurrence, KP1 réalise des super-profits
Pour le libéral Sarkozy, le site KP1 Pujaut a une vertu : il est emblématique du capitalisme triomphant. Dans les années 50, le marché du plancher béton et des poutrelles préfabriquées se partageait entre plus de 100 marques. L’invention des poutrelles en béton précontraint mis le holà à cette anarchie inter-capitaliste et les entreprises de planchers préfabriqués en France se comptent désormais sur les doigts d’une main. Le site KP1 Pujaut est aux avant-postes de l’aventure historique du béton précontraint depuis le lancement de ses poutrelles précontraintes, en 1959. Avec cette percée technologique couverte par de nombreux brevets, KP1 a laminé la concurrence et vend aujourd’hui 1/3 des planchers des maisons individuelles et 15 % des planchers des logements collectifs de bâtiments non résidentiels en France. Pareil succès capitaliste valait bien un coup de chapeau : C’est donc à KP1-Pujaut que Sarkozy a crié devant les caméras : « Il faut laisser les gens bosser ! ». Peu après cet épisode, les ouvriers de KP1-Pujaut entraient en grève pour des salaires décents.
La grève
Derrière la façade avant-gardiste de l’entreprise multinationale KP1 (32 sites en France, 2 sites en Pologne), la réalité de l’entreprise est plus sombre. A KP1-Bédarieux, la majorité des salariés de la production, même avec 25 ans d’ancienneté, sont payés au Smic horaire brut (8,63 euros). Le représentant des ouvriers et délégué syndical CGT déclare : « Les salaires permettent juste de vivre trois semaines ; la dernière semaine du mois est très difficile, voire privative. Les ouvriers du site ont clairement du mal à boucler les fins de mois. On attend des propositions concrètes, et tant que cela ne sera pas fait, nous continuerons notre mouvement. C’est la première fois depuis au moins 20 ans qu’une grève est aussi bien suivie. »
KP1 pratique l’abattage avec ses ouvriers, augmente les cadences, réduit le personnel, et recourt aux primes-sanctions comme un brave capitaliste du 19ème siècle : primes de paniers (permet aux ouvriers de casser la croûte sur place pour assurer la production en continu) ; prime de rendement (chute de rendement = plus de prime, alors que le rendement est lié à la technologie à l’œuvre. Le patron se paye deux fois sur les ouvriers) ; prime de présence (ça aide à soigner les maladies ?) et prime de refus (les refus sont les pièces ratées. Ce type de prime est pervers car les refus augmentent avec le rendement !). Les primes doivent être intégrées aux salaires.
Avec Bédarieux, d’autres usines du groupe entrent dans la danse et sont en contact permanent entre elles : Grigny dans le Rhône, Pujaut dans le Gard, Ensisheim dans le Haut-Rhin. Les sections LCR concernées participent ou soutiennent ces mouvements de résistance.
Le 14 juin 2008. Y D