Jules Panetier, 23 ans, au casier judiciaire vierge, a été condamné à 2 mois ferme en jugement en comparution immédiate la semaine dernière. Il a été incarcéré cet été à la prison de Villeneuve-les-Maguelone. Aujourdhui sorti d’incarcération, il a livré son témoignage et a tenu à répondre aux nombresues attaques et calomnies venues de la fachosphère.
Jules Panetier : petite mise au poing concernant mon incarcération
Après six semaines d’incarcération à la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone, me voici libre ! Merci pour vos nombreuses lettres de soutien et pour être venu enflammer la prison lors des rassemblements organisés par l’Assemblée générale contre l’état d’urgence, la seule instance souveraine de Montpellier concernant les affaires de répression d’Etat. Merci également au NPA, à BDS, à Ensemble, au Parti de Gauche et à Nuit Debout pour leur témoignage de solidarité.
Que s’est-il passé ? Depuis plusieurs mois, je lutte activement sur Montpellier contre la loi travail et son monde, et comme tant d’autres militants à travers la France, j’ai pu constater la détermination de la police et de la justice pour faire taire les révolutionnaires. Deux anecdotes parmi tant d’autres qui me sont arrivés quelques semaines avant l’incarcération: des policiers de la BAC qui s’arrêtent à mon niveau en voiture pour me prévenir que « bientôt, [ils] s’occuperont de mon cas », ou bien un contrôle sur les quais du tramway qui se finit en garde à vue par la simple volonté d’un flic m’ayant reconnu et passant par là, parce que « les connards de gauchistes de ce genre, y’a pas besoin de raison pour les enfermer ».
C’est donc tout naturellement qu’un agent des renseignements généraux bien connu sur Montpellier, Mickaël A., a porté plainte contre moi pour injure par téléphone. Et qu’importe si l’enregistrement audio censé prouvé ma culpabilité ne correspond absolument pas à ma voix, à tel point qu’il n’a même pas été présenté lors du procès, puisque la simple parole d’un policier fait office de preuve suffisante aux yeux de la justice et que de toute façon, les procès verbaux rédigés pendant la garde à vue ont été falsifiés entre temps.
En réalité, les faits importent peu. Les flics et les juges avaient une petite idée en tête, et ils ont été au bout de leur délire. L’objectif était double. Il s’agissait d’abord banalement d’effrayer les militants en jetant l’un des leurs en prison – d’où une peine très sévère au regard des faits –, mais là où la manœuvre est plus tordue, c’est qu’ils ont aussi tenté de me faire passer pour un indicateur pour essayer de diviser le mouvement social.
Comme d’habitude, c’est Jean-François Codomié de Midi Libre qui a assuré le service après vente de la police en rédigeant un article sobrement intitulé « Ivre, l’indic aurait menacé le policier et ses proches ». Mensonge immédiatement repris par les sites fascistes, comme Egalité et Réconciliation (le site d’Alain Soral) ou Lengadoc Info (affilié à la Ligue du Midi), média peu gêné de son incohérence puisqu’il avait rédigé un article quelques semaines auparavant expliquant que j’étais un militant radical anti-flic.
Je remercie infiniment Jacques-Olivier Teyssier de Montpellier Journal pour avoir immédiatement démontré la grossièreté de cette manipulation médiatique, ainsi que les militants et les organisations anticapitalistes locales pour avoir rapidement rédigé des communiqués de soutien. Réjouissons-nous du fait que cette minable tentative de division du mouvement social a été un échec total.
Quelle était ma relation avec ce fameux membre des renseignements généraux ? Attention, révélation exclusive : il m’a appelé une fois, a souhaité que nous nous rencontrions, et j’ai refusé. J’ai ensuite gardé son numéro, ce dont j’avais prévenu bons nombres de militants. Aurais-je dû immédiatement brûler mon téléphone constatant qu’il était grillé ? Sûrement ; mea culpa. Pourquoi n’ai-je pas demandé un délai lors de mon passage en comparution immédiate ? Car j’étais persuadé qu’ils allaient me placer en détention provisoire en attendant le procès, mais je pensais réellement avoir une chance d’éviter la prison ferme. Ai-je été naïf ? Sûrement ; mea culpa.
Cette affaire doit être l’occasion de tirer des leçons pour affiner les stratégies de défense des militants contre la police, la justice et leurs médias, pour renforcer l’Assemblée générale contre l’état d’urgence et pour continuer à organiser des manifestations contre le système carcéral.
Feu aux prisons ! Union, action, autogestion !
Jules Panetier (article publié initialement sur http://www.lepoing.net )
Article publié sur www.resistons.net en juillet 2016
Les faits qui lui sont reprochés sont sérieux : un policier des renseignements territoriaux a reçu des menaces de mort envers lui et sa famille sur le répondeur de son téléphone le soir de la fête de la musique.
Le tribunal a été d’une sévérité qui se veut sans doute exemplaire : alors même que les preuves ne sont pas évidentes et que Jules Panetier nie les faits. En particulier, l’enregistrement n’a pas été entendu au tribunal et Jules affirme que quelqu’un a utilisé son téléphone pendant cette soirée et a envoyé de nombreux messages insultants à tout son répertoire. Dans ce type d’affaires (menaces de mort sur un répondeur) les prévenus, y compris ceux ayant déjà un casier judiciaire fourni ont souvent du sursis et alors que pour les peines courtes (moins de 6 mois) il y a souvent des aménagements de peine pour éviter l’incarcération. Dans cette affaire, Jules va passer l’été en prison.
N’a-t-il pas été jugé pour l’exemple ? Il y a le triste contexte des policiers assassinés à Magnanville. Il y a le contexte de violences accompagnant les manifestations contre la Loi travail. Il a aussi Manuel Valls, si impopulaire qu’il a été sifflé sans interruption lors de l’inauguration du tram 4 à Montpellier puis dans d’autres rassemblements ailleurs en France. Jules a d’ailleurs été arrêté, sans qu’il n’oppose de résistance, le soir de cette fameuse inauguration.
A Montpellier, Jules est le seul a avoir subi un tel sort mais dans de nombreuses autres villes, des centaines de personnes sont en ce moment incarcérés, soit dans le cadre de flagrant délits (casses de vitrines ou jets de projectiles dans les manifs) soit comme pour Jules pour des motifs moins évidents.
Après la répression politique, médiatique, policière, c’est maintenant le judiciaire qui tente d’étouffer le mouvement contre la Loi travail.
Car Jules, nous l’avons croisé dans toutes les manifs contre la Loi travail, à la ZAD Las Rebès, à Nuit Debout. Il était devenu un des militants de référence pour le mouvement à Montpellier. Est-ce cela qu’on lui a fait payer lors de son jugement ? N’a t-il pas été puni avant tout pour dissuader d’autres jeunes gens comme lui, diplômés ou non, chômeurs, précaires, salariés, de s’engager dans le mouvement social et de lutter contre les injustices ?
Comme d’autres mouvements en France et ailleurs, la répression n’empêchera pas les jeunes et les moins jeunes, de se révolter pour un monde plus juste. Comme le dit le slogan : « On lâche rien ! » et comme nous l’avons tous répété en manif ces derniers mois : « Non à la Loi travail et son monde ! »
A la rentrée nous serons tous ensemble, nous défilerons et nous répéterons à nouveaux ces slogans !
Rendez-vous le 15 septembre à la prochaine manifestation intersyndicale. Voir ici : Declaration_commune_intersyndicale_8_juillet_2016.pdf
Pour écrire à Jules à la prison, des amis ont mis en place cette adresse : soutienjules@gmail.com
Il pourrait avoir besoin de messages de soutien pour passer cette épreuve.
Lire aussi le communiqué de l’AG contre l’état d’urgence : Communique_AG_contre_l_etat_d_urgence_et_les_violences_policieres.doc
Et l’article de Montpellier Journal sur le sujet : Midi Libre relaie sans distance la thèse policière d’un prétendu « indic »