Méga-agglo autour de Montpellier. Contribution au débat

La municipalité et l’agglomération montpelliéraines encouragent depuis longtemps une urbanisation qui reste non maîtrisée. L’expansion de l’agglomération est contradictoire avec la préservation de l’environnement. La croissance record dont se flattent nos élus n’est pas le fruit de la seule attraction spontanée de notre cité mais aussi le résultat de choix politiques délibérés dans un contexte où les territoires sont mis en compétition.

En effet, il y a derrière cette volonté de créer une très grande agglomération, et au delà de la mégalomanie propre à notre septimaniaque, une conception libérale où les territoires sont en concurrence.
Avec la construction européenne et la mondialisation, le territoire doit devenir un produit compétititif pour attirer les entreprises et les fixer, si on peut.

À l’échelle nationale, l’ancienne DATAR (direction à l’aménagement du territoire et à l’action régionnale) est ainsi devenue la DIACT (Délégation à l’aménagement et à la compétitivité des territoires).
Les cadeaux (subventions, aides diverses …) aux entreprises privées se multiplient sans aucun contrôle et sans vrais effets sinon le gaspillage de l’argent public, puisque toutes les collectivités locales font des offres alléchantes.
Dans cette même logique, plus un territoire est peuplé, plus il offre un marché important et une main d’œuvre diponible.

C’est pourquoi ici, Frèche du haut de son agglo à 300 000 habitants, prétend régulièrement vouloir rivaliser pour attirer les capitaux avec Lyon, Marseille ou Barcelone, … toutes villes qui quand même dépassent largement le million d’habitants, les 3 millions pour la métropole catalane.

Les Verts montpelliérains viennent même de s’y mettre avec leur proposition de « tours ». Ces gratte-ciels sont dans toutes les villes du monde les sièges des grandes entreprises qui, tels les seigneurs du moyen âge avec leurs donjons, veulent rivaliser de hauteur pour montrer leur puissance.

Fantasme de puissance, en hauteur pour les uns, en largeur pour les autres, le débat sur la méga agglo et sur les tours montrent que la gauche aux affaires dans cette ville a non seulement définitivement renoncé a toute perspective de changement de société mais s’inscrit pleinement dans l’adaptation à la mondialisation capitaliste.

Dans le cadre de la campagne municipale, nous défendrons au contraire une vision où les territoires ne sont pas en compétition mais des espaces de solidarité avec un cadre de vie le meilleur possible.

Montpellier : non à la Mégalopole.

Montpellier est passée de 190.000 habitants en 1977 à 250.000 en 2007. 60.000 habitants de plus en 30 ans de mandature de Georges Frèche pour la seule commune mais l’extension de l’urbanisation fait qu’en intégrant les communes directement limitrophes, la population de la ville atteind les 300 000 habitants, l’agglomération 390.000 habitants.
Le rythme d’augmentation de la population est l’un des plus élevés des grandes villes françaises.

La région Languedoc-Roussilllon et en particulier le département de l’Hérault sont aussi dans le peleton de tête du record de croissance démographique, alimentée à 90% par les migrations inter-régionales (du nord vers le sud pour beaucoup).

L’INSEE prévoit ainsi 3 millions d’habitants avant 2025, entre 3,1 et 3,4 millions d’habitants vers 2030 selon les différents scénarios étudiés alors que le Languedoc-Roussillon compte 2,5 millions d’habitants en 2007.

En 2005, l’Hérault compte 982 000 habitants. À l’horizon 2030, cette population s’élèverait à environ 1,4 millions. Une bonne partie de la croissance démographique se concentrera autour de Montpellier.

Faut il se glorifier de cette croissance dont nos élus, que ce soit à la mairie, à l’agglo, au département où à la région, tirent régulièrement satisfaction ?

1 La conception Fréchiste : une mégalopole urbaine de Sète à Nîmes

Quand Georges Frêche a été élu maire pour la première fois en 1977, c’était sur un programme à forte connotation écolo. Le programme électoral de la gauche reposait sur une critique sévère de la gestion de son prédécesseur François Delmas présenté comme le bétonneur qui avait défoncé la ville pour faire des parkings souterrains. Ce changement de cap annoncé était symbolisé par l’arrivée aux affaires municipales de Raymond Dugrand, dont la gloire de géographe reposait sur sa thèse de doctorat analysant l’histoire des villes du Languedoc-Roussillon qui avaient su conserver, au cours des siècles, leur équilibre, sans que l’une écrase les autres (Perpignan, Narbonne, Carcassonne, Béziers, Montpellier, Nîmes, Alès). L’objectif annoncé était le retour à cet équilibre, à cette harmonie passée. La qualité du cadre de vie, la modération en toute chose seraient les mots d’ordre. Ce qu’a fait Georges Frêche pendant 30 ans est l’exact opposé ce qu’il avait annoncé.

Ce changement correspond à l’idée que plus on est gris plus on a de pouvoir. Le rêve de Frèche est d’avoir une mégalopole de 1 millions d’habitants avec un tissu urbain continu de sète à Nîmes, pour dit-il avoir une « dimension mondiale »

2 Un bétonnage continu

Geroges Frêche a bétonné partout en construisant dans toutes les zones, ambitionnant une énorme conurbation qui irait de Sète à Nimes
Montpellier est la seule ville en France, dans laquelle, méthodiquement, pour remplir les trous on crée encore des « grands ensembles » auxquels on a partout ailleurs renoncé : Antigone, Richter, Port Marianne, Malbosc… avec une forte densité de constructions.

Il a fallu qu’une association comme PAVE se batte pour obtenir un parc à Clémenceau à la place duquel Georges Frèche voulait bâtir des immeubles.

Cette frénésie de construction a conduit à des aberrations urbanistiques et environnementales : exemple : Le quartier du Polygone venait d’être achevé en 1977 ; la municipalité Delmas avait prévu de le prolonger vers l’est jusqu’au Lez par un quartier organisé autour d’un vaste parc central. Georges Frêche a décidé une opération qui est unique dans les annales de l’urbanisme contemporain : il a créé un quartier Antigone qui tournait le dos à la ville par une rupture physique infranchissable. Et il a fallu plus tard bricoler une liaison mal fichue. La Comédie et Antigone se tournent le dos.

Autre exemple : Dans les années 1970, au chapitre des interdictions de construction figurait un cône de bruit dans l’axe de la piste de l’aéroport de Fréjorgues, pour cause de nuisances sonores. 30 ans plus tard le quartier du Millénaire avec ses milliers de salariés, ses milliers d’habitants sont sous les avions de Fréjorgues. On est là en pleine régression du point de vue de la qualité du cadre de vie.

Aujourd’hui, les ZAC Port Marianne -Jardins de la Lironde, ZAC Port Marianne -Parc Marianne nord, ZAC Port Marianne -Jacques-Cœur, ZAC Port Marianne -Consuls de Mer et Malbosc sont en cours d’urbanisation. Les projets de ZAC à venir concernent les secteurs d’Ovalie, les Grisettes, Avenue de la Mer (est et ouest), Nouveau Saint-Roch et Parc Marianne Sud.
A l’horizon 2015, l’ensemble de ces ZAC aboutira à la création de 20 000 nouveaux logements.


3 Quelles sont les conséquences d’une expansion à tout prix ?

Une des conséquence directes de cette croissance bétonneuse et asphalteuse sans limites, est la mise en danger des populations à l’aval de la ville en particulier à Lattes et à Palavas. Les centaines d’hectares imperméabilisés depuis 30 ans sur le versant est du Lez rendent vulnérables tout le sud de l’agglomération en cas de fortes précipitations jumelées à de violentes tempêtes qui empêchent l’évacuation des eaux en mer. Peu importent les calibrages de fleuve, rivières, ruisseaux, canaux, tuyaux. Cette imperméabilisation de vastes surfaces engendrera des effets incalculables en cas d’épisode climatique violent.

D’autre part un fort déséquilibre a été engendré par Montpellier et la zône littorale qui concentrent la matière grise, l’argent, des infrastructures culturelles et matérielles, et les autres villes de l’Hérault qui vivotent : Bédarieux, Lodève.

D’autre part les mégalopoles ne sont pas vraiment le lieu du mieux vivre !

Depuis 30 ans, les campagnes publicitaires veulent faire croire que Montpellier serait un modèle de bien vivre dans une ville surdouée. Mais la concentration de population ne favorise pas le bien être, avec une course permanente à la création de nouvelles infrastructures qui ne suivent pas le développement démographique, avec la disparition des espaces verts, avec des pollutions de tous ordres.

La difficulté de circulation notamment témoigne de ce développement anarchique et sans fin. Le tramway est une très bonne réalisation, mais en quarante ans, l’urbanisation s’est développée à Montpellier et dans l’agglomération sans schéma de transports en commun en site propre. Faute d’avoir conçu en parallèle urbanisation et transport en commun, le tramway arrivant après la bataille ne résoudra pas les difficultés de déplacements.


4 Une conception libérale

Frèche se croit un visionnaire, il a en réalité une conception libérale de l’urbanisme, reposant sur l’argent, le divertissement, la consommation.
Son modèle c’est celui d’une société d’hyper consommation à l’américaine, comme le nouveau temple marchand Odysséum, de bétonnage à outrance, de mépris de l’environnement, d’une architecture mondialisée d’une banalité affligeante.

Les exemples abondent : la vieille ville, très belle, réduite à un lieu de consommation touristique avec son cortège de commerces aux enseignes internationales, la vulgarité des mobiliers urbains, la fermeture de vingt librairies en 30 ans pendant que le chiffre de la population augmentait. La dernière opération d’urbanisme, Odysseum, est une zone de loisirs à l’américaine doublée par les enseignes de la grande distribution avec ses parallépipèdes colorés, archictecture mondialisée de la plus grande banalité…

En réalité Frèche est de la vieille école politique, un bétonneur-asphalteur. Plus c’est grand, plus c’est gros, plus c’est lourd, meilleur c’est.

5 Y a-il une alternative à cette expansion continue ?

Oui il faut stopper l’expansion.

On peut objecter que si beaucoup de personnes veulent s’installer dans le Sud il est impossible de les en dissuader. Effectivement la liberté d’installation est un droit de chacun.
Cependant une partie de la croissance démographique est liée au rêve de puissance de Frèche qui a conduit à attirer de nombreuses personnes à Montpellier par des campagnes publicitaires permanentes. L’attrait pour notre ville et la région est déjà suffisant qu’il n’y a pas à l’encourager encore par une propagande souvent mensongère sur le soit disant dynamisme économique d’une ville qui a 17% de chômeurs, double de la moyenne nationale et record parmi les grandes villes capitales de région. Montpellier, c’est aussi des le record de RMI, des ghettos urbains comme Le Petit bard (dont on ne voit pas la réhabilation avancer), des contrastes forts entre quartiers riches et quartiers pauvres.

Des mesures visant à préserver l’environnement et à équilibrer droit à l’installation et impératif collectif doivent être prises.

• La région peut avoir une politique d’aménagement du territoire équilibré. Favoriser Beziers et les moyennes agglomérations : Pézénas, Lodève, Bédarieux, St Pons, Gignac.

• Favoriser l’emploi dans l’arrière pays et pas seulement sur le littoral, ce qui passe notamment par le refus de la supression des services publics dits non rentables et de leur concentration sur la seule métropole régionnale.

• Les municipalités ont la maîtrise du foncier et délivrent les permis de construire. Il est donc tout à fait possible d’arrêter l’expansion de Montpellier, de créer une ceinture verte inconstructible, de multiplier les parcs dans la ville. Cette stabilisation de la population permettrait de s’attaquer au mieux vivre, au mieux circuler pour tous : pistes cyclables, transports en commun gratuits…

• Il faut aussi bien sûr résoudre le problème crucial du logement Les loyers devraient être bloqués en commençant par les logements sociaux publics. La possibilité légale (qui remonte à 1948) de réquisition des logements et bureaux vide doit être appliquée. Il faut prioriser la rénovation et la construction de logements sociaux au dépend des opérations de prestige (type Saint Charles) déstinées aux hauts revenus. Les terrains disponibles dans l’agglomération ne doivent pas être gaspillé par les grandes surfaces commerciales grandes consommatrices d’espace…

Oui il faut pour Montpellier une autre politique urbaine, avec comme préalable un arrêt de l’expansion et une réele participation des habitants aux prises de décision sur leur avenir, loins des réves de puissance des élus actuels et de la soif de profit des promoteurs immobiliers.

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