Hélas, une nouvelle fois les faits contredisent les discours rassurants des pro-nucléaires qui minimisent systématiquement les risques d’accidents et les dangers encourus par les salariés et la population. Une catastrophe majeure est en cours au Japon. Bien que les tremblements de terre soient moins fréquents en France, nous ne sommes pas pour autant épargnés par ce type de danger.
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Lire ci-dessous la revue de presse régulièrement actualisée. Nous recommandons spécialement : Japon: la catastrophe nucléaire avait été prévue (Mediapart 15 mars 2011). Notre blog ayant connu une panne de plusieurs heures, l’actualisation de la revue de presse se fera dans la journée de ce jeudi 17 mars.
Suite du communiqué du NPA 34
En effet, en 2003, des documents confidentiels internes d’EDF révélaient que 34 des 58 réacteurs français n’étaient pas conformes face au risque sismique. Les travaux engagés depuis par EDF ont été réalisés sur la base de rapports sous-estimant la fréquence et l’intensité des tremblements de terre. Un accident du type de Fukushima Daiichi pourrait donc se produire en France, même avec un séisme d’une intensité plus faible.
D’autre sites sont concernés, comme, par exemple, les 18 installations nucléaires du CEA à Cadarache sur la faille de la moyenne Durance, où s’est produit le plus gros tremblement de terre connu en France, il y a 102 ans. Ce même site comportera peut-être un jour une 19eme installation puisqu’il a été choisi pour l’implantation du projet Iter !
Le NPA réaffirme son opposition au nucléaire civil et militaire, et revendique la création d’un grand service public de l’énergie sans nucléaire géré par les usagers et les travailleurs, qui favoriserait en priorité les économies d’énergie et les énergies renouvelables.
Le NPA appelle à rejoindre la mobilisation unitaire partout en France le dimanche 20 mars en se rassemblant sur la place de la Comédie Montpellier à 11h30
David Hermet Porte parole départemental du NPA
Francis Viguié Elu municipal NPA-Fase
Commission Ecologie du NPA34
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A lire
15 mars. Communiqué du NPA. Contre le risque nucléaire, mobilisation
13 mars. Communiqué du NPA. Contre le danger nucléaire, se mobiliser
La preuve par Fukushima : pas de nucléaire sans catastrophe
Tout est sous contrôle (Le Monde Diplomatique)
Japon : l’urgence nucléaire (Greenpeace : infos en continu)
Le scénario de la catastrophe de Fukushima (Infographie Le Monde)
Un accident nucléaire d’une ampleur historique (Le Monde)
Nucléaire : faut-il comparer Fukushima à Tchernobyl ? (Rue 89)
L’énergie est politique (H Kempf, Le Monde)
Sortir la France du nucléaire ? Les positions politiques (Les nouvelles news)
[Révélations] Areva au coeur du réacteur de Fukushima (Owni)
Le « lobby nucléaire » existe à gauche comme à droite (Le Monde)
Japon : comment le discours du gouvernement français a évolué (Le Monde)
Les effets sur le corps humain des radiations (Le Parisien)
Entre silence et mensonge. Le nucléaire, de la raison d’état au recyclage « écologique » (RILI)
Japon: la catastrophe nucléaire avait été prévue (Mediapart 15 mars 2011)
Par Michel de Pracontal
« A moins que des mesures radicales ne soient prises pour réduire la vulnérabilité des centrales aux tremblements de terre, le Japon pourrait vivre une vraie catastrophe nucléaire dans un futur proche. » Cet avertissement est tiré d’un article paru le 11 août 2007 dans le quotidien International Herald Tribune/Asahi Shimbun (l’article est à lire ici). Son auteur est le sismologue Ishibashi Katsuhiko, professeur à l’université de Kobe.
Ishibashi Katsuhiko faisait partie du comité d’experts chargé d’établir les normes sismiques des centrales nucléaires japonaises. Il en avait démissionné pour protester contre la position du comité. Il estimait que les recommandations fixées par le comité étaient beaucoup trop laxistes.
En d’autres termes, le professeur Katsuhiko avait prévu ce qui est en train de se produire à la centrale de Fukushima. Il avait prévenu les autorités de son pays que les centrales japonaises souffraient d’une «vulnérabilité fondamentale» aux séismes. Mais ses avertissements ont été ignorés tant par le gouvernement que par Tepco (Tokyo Electric Power Company), premier producteur privé mondial d’électricité, qui exploite un tiers des centrales nucléaires japonaises, dont celle de Fukushima.
Katsuhiko a lancé son alerte en 2006, année où les normes de sécurité anti-sismiques japonaises ont été renforcées. Selon le sismologue, ce renforcement était encore très insuffisant. Les faits lui ont donné raison dès l’année suivante. Le 16 juillet 2007, un séisme de magnitude 6,8 a provoqué des incidents sérieux à la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, la plus importante unité de production d’électricité nucléaire au monde. Cette centrale se trouve sur l’île de Honshu, la principale île du Japon, comme presque toutes les centrales nucléaires japonaises, qui encerclent les trois plus grandes villes du pays, Tokyo, Nagoya et Osaka.Avant le séisme de juillet 2007, un autre s’était produit en août 2005, affectant la centrale d’Onagawa, au nord de Fukushima ; encore un autre en mars 2007, dont l’épicentre était à 16 kilomètres de la centrale de Shika. Et cela s’est répété l’année suivante, avec une secousse de magnitude 6,8 à l’est de Honshu, près d’Onagawa et de Fukushima. Même s’il n’y a pas eu de dégâts importants, Tepco a signalé alors trois fuites de liquide radioactif à Fukushima Daini.
Ainsi, l’accident qui vient de se produire à Fukushima ne peut être considéré comme une véritable surprise, même s’il a pris de court les opérateurs de la centrale comme les autorités. Cet accident est la reproduction, en beaucoup plus grave, d’événements qui se sont répétés au moins depuis 2005.
Ishibashi Katsuhiko avait analysé le risque, expliquant que, dans les différents cas, «le mouvement sismique à la surface du sol causé par le tremblement de terre était plus important que le maximum prévu dans la conception de la centrale». Lors du séisme qui a affecté la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, le pic d’accélération sismique était plus du double de la valeur que la centrale était censée supporter. «Ce qui s’est passé à Kashiwara-Kariwa ne devrait pas être qualifié d’inattendu», écrivait le sismologue.
Les manquements de la société Tepco
C’est malheureusement encore plus vrai du drame actuel, dont Katsuhiko avait anticipé la possibilité: «Si l’épicentre du séisme avait été un peu plus proche du site de la centrale et si la magnitude avait atteint 7,5 […] , il aurait pu se produire un « genpatsu-shinsai », un événement catastrophique associant tremblement de terre et fusion partielle ou complète du cœur d’un ou plusieurs réacteurs.»
C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui, et le séisme est encore plus puissant que ce qu’avait imaginé Katsuhiko. En 2007, il estimait que les centrales devaient être conçues pour résister à un mouvement de surface du sol d’une vitesse de l’ordre de 1000 gal, alors que les normes de 2006 ne prévoyaient que 450 gal (le gal est une unité utilisée pour mesurer l’accélération du sol et correspond à 1 centimètre par seconde carrée).
L’une des raisons pour lesquelles les centrales japonaises sont vulnérables aux séismes est qu’elles ont été construites pendant une période où il s’est trouvé que l’activité sismique était relativement faible – du moins pour le Japon. On s’est basé sur cette activité pour définir la résistance anti-sismique des installations nucléaires, et on en a construit 55, ce qui fait du Japon le troisième producteur mondial d’électricité nucléaire.
Or, à partir de 1995 et du grand tremblement de terre qui a dévasté la ville de Kobe, il y a eu un regain d’activité sismique sur l’archipel. Il aurait été donc nécessaire de revoir à la hausse la protection anti-sismique des centrales. Pour Katsuhiko, les centrales qui ne pouvaient pas être suffisamment sécurisées devaient être fermées. Cela n’a pas été fait. Et Tepco n’a pas pris en compte les failles sismiques sous-marines, notamment dans la zone de Kashiwazaki-Kariwa. Le risque lié aux tremblements de terre a été systématiquement sous-estimé, aussi bien par les experts nationaux de la sûreté nucléaire que par l’industriel.
Au demeurant, Tepco n’en est pas à son premier manquement en matière de sécurité. En 2002, l’entreprise a été au centre d’un scandale après avoir falsifié des documents d’inspection pour dissimuler des problèmes survenus sur certains de ses réacteurs. Le PDG, le vice-président et le président du conseil d’administration durent démissionner en chœur. La falsification concernait au moins trois incidents qui affectaient déjà les centrales de Fukushima et de Kashiwazaki-Kariwa…
Les surlignés en gras sont de notre fait (gestionnaire du blog)