Port La Nouvelle Huile de palme, non, merci ! (Confédération Paysanne et Nature et Progrès)

Port la Nouvelle sans palme

Nous avons pris connaissance par quelques lignes dans la presse un projet d’envergure soutenu par le Conseil Régional pour l’importation d’huile de palme et sa transformation à Port la Nouvelle.
Ce projet aura pour effet immédiat l’agrandissement du port et la construction d’usine de transformation sur, on suppose, une vingtaine d’hectares.

La commune de Port-La-Nouvelle regroupe plusieurs zones de protection des milieux naturels et des espèces, à savoir des zones de protection spéciale (ZPS – Natura 2000-trois ZNIEFF et une ZICO). La commune se situe par ailleurs aux portes du Parc Naturel Régional de la Narbonnaise et la zone portuaire est très proche des propriétés du conservatoire du littoral dans les salins.

Cette industrialisation d’un site comme Port la Nouvelle pose donc déjà de nombreux problèmes pour la nature qui risque de payer une fois encore un lourd tribut à des activités industrielles douteuses. Ces milieux sont extrêmement précieux pour la biodiversité marine et terrestre, lieux de migration pour les oiseaux, ils abritent une faune et une flore variées mais aussi fragiles, chaque espèce étant dans des rapports complexes et indispensables avec l’environnement.

Donc en premier lieu des études d’impact sont indispensables pour connaître les conséquences des changements entrainés par ces installations.

En second lieu il serait bon avant d’annoncer des créations d’emploi d’envisager les effets sur l’emploi existant, les pêcheurs, les ostréiculteurs, les agriculteurs, le tourisme.

En troisième lieu, Nature et Progrès refuse la transformation d’huile de palme d’où qu’elle vienne pour son incorporation dans les carburants. C’est une véritable folie qui n’a de sens que pour les multinationales et ses actionnaires qui attendent de substantiels bénéfice au prix de la destruction des forêts primaires en Asie, en Amérique du Sud ou en Afrique. Cette huile de palme réputée moins chère que les productions européennes est produite au détriment de l’alimentation des peuples autochtones, au prix de la destruction de leur propre milieu, à l’exploitation des travailleurs dans les plantations, à des transports sur des milliers de kilomètres.
En quatrième lieu si tant est que cette huile de palme soit utilisée à des fins alimentaires, nous continuerons à nous y opposer considérant que notre région, notre pays ou l’Europe est en mesure de produire elle même les lipides dont elle a besoin pour son alimentation. Ces importations de plus en plus massives ne se justifient que par la faiblesse des prix agricoles qui ruinent les paysans de par le monde. Quelques emplois créés à Port la Nouvelle pour combien d’emploi supprimés dans les campagnes ?

Le Languedoc-Roussillon a perdu plus d’un quart de ses fermes en 7 ans ! Dix mille emplois perdus dans l’agriculture de notre région entre 2000 et 2007 qui dit mieux ? L’ Aude comptait 18 000 exploitations dans les années 1980, il ne lui en reste que 5500 ! Et pourtant notre région naguère autonome ne produit aujourd’hui que la moitié de ses besoins en céréales, le tiers de ses oléagineux et il faudrait 6 fois plus de protéagineux pour éviter les importations de soja OGM d’Argentine et du Brésil.

Ce ne sont pas les terres qui manquent, 38 000 hectares de vigne ont été arrachés, les terres en friche ne se comptent plus.

Nous réclamons la relocalisation de la production et on nous répond en facilitant les importations que ce soit à Sète avec Agrexco ou à Port Vendres et aujourd’hui à Port la Nouvelle avec ce projet désastreux sur l’huile de palme.

Cette vision d’une économie à court terme basée sur l’exploitation des hommes, des pays pauvres, des territoires colonisés par les multinationales produit de tels dégâts qu’elle ne pourra durer. La poignée d’emplois promis ne doit pas faire illusion dans notre région championne de France pour son chômage, ce que l’on gagnera en emplois portuaires sera dix fois perdu en emplois agricoles et dans d’autres secteurs.
Ce type de développement avec de tels projets basés sur une production agricole industrielle d’importation est un sous-développement.

Il menace notre santé et celle de la Terre. L’objet même de nos combats.

Pascal Pavie pour
Nature et Progrès Aude

Maison Paysanne 10 Allée des Marronniers 11 300 LIMOUX tel 04 68 20 94 75

La conf’ dit NON à l’huile de palme à Port la nouvelle, oui à la souveraineté alimentaire.

« Le premier coup de fil que j’ai passé depuis mercredi où j’ai été nommé premier vice-président, c’est pour rassurer la Confédération Paysanne. La région, leur ai-je dit, tiendra tous ses engagements, à travers une convention de quarante ans pour conforter les petites fermes, installer des jeunes agriculteurs, assurer une alimentation locale et de qualité sur le Languedoc Roussillon » Ainsi parlait Robert Navarro vis président du Conseil régional dans une interview à Campagnes Solidaires.

Non c’est une blague la véritable déclaration à la Gazette de Montpellier de notre vrai vice- président PS du Conseil Régional est la suivante : « Le premier coup de fil que j’ai passé depuis mercredi où j’ai été nommé premier vice-président, c’est pour rassurer le hollandais Vopak et le malaisien Unimills (groupe Sime Darby, NDLR) qui vont investir quelque 120 millions d’euros sur Port-la-Nouvelle, dans une usine clé en main de fabrication d’huile de palme. La région, leur ai-je dit, tiendra tous ses engagements, à travers une convention de quarante ans».

Nous voilà donc face à un nouveau projet de « développement » made in LR, du même acabit que celui de Sète – Agrexco.

L’obscurité du projet est quasi totale, depuis cette fuite malencontreuse, nous n’avons aucune information sur la nature du projet, il y a de grandes probabilités qu’il s’agisse d’une unité de fabrication de biodiesel. Sans connaître s’il s’agira d’un procédé de transésterification ou d’hydrogénation de l’huile de palme nous pouvons déjà craindre une dégradation supplémentaire du site littoral autour de Port la Nouvelle ainsi que pour les activités de nos camarades pêcheurs qui subsistent encore.

Quoiqu’il en soit la Confédération Paysanne refuse la transformation d’huile de palme d’où qu’elle vienne pour son incorporation dans les carburants. La décision européenne d’obtenir 10 % d’agro-carburants dans les transports est une véritable folie qui n’a de sens que pour les multinationales et ses actionnaires qui attendent de substantiels bénéfices au prix de la destruction des forêts primaires en Asie, en Amérique du Sud ou en Afrique. Cette huile de palme réputée moins chère que les productions européennes est produite au détriment de l’alimentation des peuples autochtones, au prix de la destruction de leur propre milieu, à l’exploitation des travailleurs dans les plantations, à des transports sur des milliers de kilomètres. Sime Darby est une multinationale implantée essentiellement en Indonésie et en Malaisie. Ces entreprises attirées par la manne européenne offrant un débouché juteux pour l’huile de palme cherchent à livrer sur un port méditerranéen pour éviter le détour par Gibraltar et remonter sur l’Europe du nord.

Si l’objectif initial des agrocarburants est de réduire la production de gaz à effets de serre, GES, avec l’huile de palme on peut douter de l’efficacité, rien que le transport de celle ci jusqu’à Port la Nouvelle nécessitera de parcourir 12000 kms qui produiront à eux seuls environ 24 g de CO2 par kg de palme, auxquels il faudra ajouter les émissions produites par l’estérification ou l’hydrogénation, les émissions produites dans le pays d’origine pour la culture, la récolte, l’extraction de l’huile (industrie très polluante des moulins contaminant les rivières). La destruction des forêts tropicales est responsable de 20% des émissions en GES. En Indonésie ce sont 28 millions d’hectares de forêts primaires (la moitié de la surface de la France) qui ont été détruites pour planter des palmiers, ce pays est devenu ainsi le 3ème émetteur de GES au monde. En 50 ans , 72 % de ses forêts ont été rasées.

Sur l’argument de l’emploi, des seules infos dont nous disposons il s’agirait de 200 emplois. Comme d’habitude cela ne représente pas un bilan car le conseil régional n’a sans doute fait aucune étude sur les impacts négatifs de cette usine pour la pêche et le tourisme.

Sur l’autonomie énergétique de la France ou de l’Europe, on ne comprend pas bien l’avantage d’aller chercher de l’huile de palme à plusieurs milliers de kms. la Confédération Paysanne est très critique sur l’incorporation de produits alimentaires dans les carburants mais s’il fallait améliorer cette indépendance il faudrait relocaliser les approvisionnements et donc utiliser des ressources locales. En matières végétales nous disposons pour le diester des huiles de soja, de colza, de tournesol mais celles ci ont un rendement beaucoup faible que l’huile de palme avec 7 tonnes d’huile de palme par hectare; c’est dix fois plus que pour nos oléagineux. Certes nous pourrions récupérer environ 3 tonnes par hectare de tourteaux pour l’alimentation animale. L’étude de la Confédération Paysanne LR en 2009 montrait à ce titre que la région tout comme l’Europe importait les trois quarts de ses besoins en protéagineux pour nourrir ses animaux d’élevage. Sur les 41000 hectares de vigne arrachés depuis 2003 notre région aurait pu en convertir une partie pour ce type de besoin.

Mais l’idée d’utiliser la terre pour nos transports s’oppose à la souveraineté alimentaire, à titre d’exemple il faudrait plus que la totalité de la surface de la France pour fournir les 50 millions de TEP nécessaires seulement aux transports. La priorité serait de réduire ces besoins en augmentation d’une manière drastique justement en relocalisant les productions agricoles et industrielles, en développant les transports en commun, en éduquant les citoyens sur leur responsabilité en cette matière.

Pire que tout, la politique d’importation d’huile de palme détruit la souveraineté alimentaire dans les pays producteurs, en dix ans ces importations ont augmenté de 80 % dans l’Union Européenne.

30 % de l’huile de palme utilisée dans le monde est déjà utilisé pour les agro-carburants.

Contrairement aux propos de Robert Navarro nous sommes certains que ce projet de Port la Nouvelle va à l’encontre des besoins de notre région, qu’il participe à la déforestation massive des zones tropicales, qu’il détruit la souveraineté alimentaire. La Confédération Paysanne demande instamment à la région de se désengager de tous liens avec ces multinationales, nous lui demandons de s’atteler sérieusement au repeuplement paysan de nos communes, de fournir de toute urgence une alimentation locale et de qualité pour toutes les cantines scolaires de ses lycées dont elle est directement responsable, de conforter tout ce qui contribue à la relocalisation de la production et à la valorisation de nos capacités de production.<br/>

Pour la confédération paysanne Languedoc Roussillon

Pascal Pavie

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