8 mars Courage les filles, la lutte continue ! (L’Hérault du Jour)

Bientôt le 8 mars. Chaque année il est de bon ton de glorifier les femmes pour cette unique journée qui leur est consacrée. Je trouve cela particulièrement réducteur en temps normal, mais encore plus lorsque les médias annoncent onctueusement la journée DES femmes comme étant celle de LA femme. (L’Hérault du Jour)

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L’article de L’Hérault du Jour du 2 mars 2011



Féminisme. Nouveaux combats, nouvelles forces (Politis, jeudi 3 mars 2011, par Ingrid Merckx)

Moins politisées que leurs aînées, les jeunes féministes agissent plus en réseau et sur le terrain. Si elles poursuivent les luttes pour l’égalité, elles intègrent aussi les questions raciales ou « queer ».

Le 3 décembre 2010, au Palais de la femme, à Paris, démarrait le Congrès international féministe. Dans l’assistance, pas un homme, ou alors bien caché. « Forcément : ce sont les victimes qui portent les revendications. Dans une société patriarcale, les mouvements féministes comptent des hommes, comme il y a des patrons aux côtés des salariés, mais ils sont rares ! La domination masculine ne leur saute pas aux yeux ! », peste Caroline De Haas, porte-parole d’Osez le féminisme (OLF). Ce réseau a ouvert un blog, « viedemeuf », qui compile de petits concentrés de machisme quotidien. Exemple : « En déplacement à l’étranger avec trois de mes collègues – des hommes – […], nous partons déjeuner […]. Mon client et son équipe ne parlant pas la langue du pays, je commande pour eux. Le serveur parti, monsieur mon client me demande : “Ah, vous êtes la traductrice alors ?” Euh non, juste la chef de projet trilingue. »

Le réseau Osez le féminisme a été créé en juin 2009 par des militantes mobilisées pour défendre le Mouvement français pour le planning familial, dont les crédits étaient menacés de suppression. Objectif : « Convaincre que l’égalité, même si elle est inscrite dans la loi, n’existe toujours pas dans les faits… » Deux ans plus tard, OLF mobilise 700 militantes. « On espère passer à 7 000, il faut démultiplier les émetteurs », lance Caroline De Haas, par ailleurs collaboratrice de Benoît Hamon, porte-parole du Parti socialiste, ce qui « semble donner une couleur politique à ce réseau ». « Mais OLF se veut indépendant de tout parti, assure-t-elle, même de gauche, pour être certain de rester critique quand celle-ci arrivera au pouvoir ». Moyenne d’âge : 25, 30 ans. Des ramifications à Bordeaux, à Toulouse… La différence avec les « anciennes » ? Internet, qui a transformé les modes d’échange et d’action. « Les jeunes féministes ­semblent moins dans le collectif alors que pour nous, dans les années 1970, tout faisait mouvement », observe également Martine Sorti, présidente de l’association « 40 ans de mouvement » et auteur de Je suis une femme, pourquoi pas vous ? (éd. Michel de Maule). « Par exemple, on ne signait jamais un texte dans nos journaux, ajoute-t-elle. En outre, elles utilisent moins l’humour, sauf peut-être La Barbe. »

La Barbe est un autre jeune rassemblement de féministes. Un groupe « informel », précise Mathilde, « une barbue » : 326 inscrits sur leur liste de diffusion hebdomadaire. Âgées de 18 à 60 ans, elles signent « pileusement vôtre » et clament : « Il est temps de remettre le féminisme en selle et de partir à la conquête des territoires de pouvoir, sous toutes ses formes. » Pas de prises de position mais des actions ponctuelles et visuelles sises sur une charte stricte : il s’agit d’investir, barbe au menton et dignement, des hémicycles et antichambres où les femmes sont sous-représentées.

Le 24 février 2011, elles ont interrompu la séance du conseil général du Tarn-et-Garonne pour interpeller l’assemblée 100 % masculine. Le 22 janvier, elles bousculaient les « portes ouvertes » du Nouvel Observateur (55 invités, 11 invitées). Le 8 décembre, elles s’invitaient à Radio France pour la remise du prix de la personnalité 2010 : un homme choisi parmi huit autres… « Dans les années 2000, le féminisme a connu une forme de légitimité institutionnelle et de reconnaissance sociale avec des événements comme la création de l’Institut Émilie-du-Châtelet, diverses collections éditoriales ou le magazine Causette », explique le sociologue Éric Fassin. Ce « bimestriel plus féminin du cerveau que du capiton » promet de ne publier aucun article sur les régimes minceur, de ne pas truquer les photos, de montrer les femmes de tous les jours… ­Discours qui rencontre un certain succès. Causette n’affiche pas d’orientation politique claire. C’est peut-être aussi un signe des temps : La Barbe et OLF entendent également « ratisser large » et se réjouissent de compter des membres qui n’avaient jamais milité avant. « Les combats que nous menons pour transformer la société passent par des revendications – plus de place en crèches, plus de profs à l’école… – qui s’opposent aux choix du pouvoir en place », ­précise Caroline De Haas.

Sur le fond, les « jeunes » féministes re­prennent les combats des anciennes. De quoi déprimer ces dernières. « Il y a eu des progrès depuis les années 1970, nuance Martine Storti, la loi sur l’avortement et la légalisation de la pilule ont entraîné des changements radicaux : plus aucune femme aujourd’hui en France, mais aussi dans de nombreux autres pays, n’enchaîne huit grossesses sans le vouloir. Par ailleurs, la représentativité des femmes a changé : si les lois sur la parité ne sont pas appliquées, elles existent. Et les jeunes femmes disposent, pour se construire, d’une grande diversité de modèles d’identification dans différents corps de métiers. » Peu de figures féministes, pourtant. On entend citer Élisabeth Badinter, Marcela Iacub ou Caroline Fourest, « mais les “personnalités” sont souvent dans une stratégie individualiste et carriériste », grince Martine Storti. « Surtout, elles ne représentent pas le mouvement, tranche Caroline De Haas. Le féminisme, aujourd’hui, ce sont d’abord des associations et des organisations qui font de la politique et du terrain, comme le Collectif féministe contre le viol, le Collectif national droits des femmes, le Planning familial, Solidarité femmes, Femmes solidaires, MixCité. Et puis des activistes comme Osez le féminisme et La Barbe. » « Et les Insoumises, dissidentes de Ni putes ni soumises », glisse Martine Storti. « La nouveauté, c’est… une nouvelle génération : le féminisme intéresse des jeunes. C’est pour une bonne part un féminisme d’étudiantes, nourri de lectures qui ne sont plus seulement françaises mais aussi états-uniennes », souligne Éric Fassin. Foin des polémiques telles que celle soulevées par Élisabeth Badinter : « Sa critique du naturalisme est un peu le sens commun du féminisme aujourd’hui », l’essentialisme est daté, presque toutes se disent universalistes.

En revanche, s’il est un sujet qui travaille le féminisme et le divise, c’est celui de l’islam. « En France, et plus largement en Europe, faut-il y voir une question proprement religieuse (c’est le point de vue “laïc”, dominant dans le féminisme aujourd’hui), ou une forme de question raciale (pour un courant minoritaire du féminisme, qui est plus à gauche, l’islamophobie contribue à une racialisation de la société) ? », interroge le sociologue. Le féminisme des femmes du Nord se fait-il sur le dos de celles du Sud ? La question fut posée au congrès. Peut-on concevoir un féminisme musulman, des féministes voilées ? « Pour la plupart des féministes, le voile est un symbole de mainmise sur le corps des femmes », résume Martine Storti. Si elle fustige l’intégrisme de Riposte laïque, elle ne se retrouve pas forcément dans les thèses de la féministe Christine Delphy ou des Indigènes de la République, selon lesquels le voile serait une réponse identitaire à l’impérialisme occidental. « Le féminisme a toujours été traversé par des clivages », note-t-elle, en citant aussi les mères porteuses, « une question difficile à trancher, un peu comme le débat sur la prostitution ».

Au rang des questions nouvelles, Éric Fassin évoque aussi le « queer », « soit des questions identitaires qui touchent à la fois à la sexualité et au genre ». Et « ce qu’on qualifie d’“intersectionnalité”, même si le terme est contesté : soit les articulations entre genre et sexualité et classe, mais surtout race (avec une attention particulière à la question postcoloniale) ». Pas de division en revanche sur les luttes sociales, parité, égalité, violences, qui persistent après quarante ans de combat : la récession mondiale frappe d’abord les femmes ; leurs salaires restent inférieurs de 18 à 27 % à ceux des hommes, selon le contrat ; en 2009, seulement 10 % des femmes violées ont porté plainte ; en 2008, 157 femmes sont mortes sous les coups de leur compagnon.

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