Rapport de l’IGAS : 30% des 18-25 ans vivant dans les Zones Urbaines Sensibles sont au chômage

Vue de La Paillade (Montpellier)


Il s’agit d’un taux presque deux fois plus élevé que la moyenne nationale pour cette tranche d’âge (17%) : une des illustrations de l’échec de la politique de la ville en matière d’accès à l’emploi des jeunes des quartiers prioritaires, que pointe un rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (1) rendu public récemment.

Véritable réquisitoire, celui-ci précise que, malgré l’objectif affiché par le « plan espoir banlieues » d’accompagner vers l’emploi 100 000 jeunes de ces quartiers, la politique de la ville ne consacrerait, en fait, que 30 millions d’euros à l’emploi. Ce rapport préconise, entre autres, le renforcement des moyens des missions locales d’insertion pour les jeunes.

Les écarts de situation entre les Zones Urbaines Sensibles (ZUS) et le reste des agglomérations se sont aggravés entre 2003 et 2008. Cette évolution est liée à une difficulté d’accès à la qualification et à la discrimination dont les jeunes sont victimes.

Les jeunes résidant en ZUS restent frappés par un taux de chômage double (35,7%) de celui des autres quartiers des mêmes agglomérations (17,6%).

Face à l’emploi, les jeunes des quartiers présentent des difficultés spécifiques. Il s’agit, d’une part, d’une absence de diplôme ou de qualification et, d’autre part, de difficultés liées à des phénomènes de discrimination.
En 2008, 53% des actifs de moins de 40 ans vivant dans ces quartiers disposent d’un niveau V (CAP, BEP) ou infra. De plus, les écarts entre les ZUS et les autres quartiers urbains se sont, depuis 2003, faiblement réduits s’agissant des bas niveaux de qualification et amplifiés en ce qui concerne l’enseignement supérieur.

Dans un contexte déjà défavorisé sur le plan des niveaux d’étude, un jeune de moins de 30 ans résidant en ZUS a globalement 1,7 fois moins de chance que d’autres jeunes d’accéder à l’emploi à caractéristiques égales de sexe, de qualification et de nationalité. Cette plus faible probabilité tient peu, directement, à la localisation elle-même, mais davantage à des caractéristiques familiales telles que la nationalité du jeune et le pays d’origine du père, qui renvoient à la concentration des populations d’origine immigrée dans les ZUS.

Les moyens consacrés par la politique de la ville à l’accès à l’emploi dans les quartiers prioritaires apparaissent marginaux comparés avec les moyens de droit commun. Les dépenses de l’Etat consacrées à l’insertion professionnelle des jeunes s’élèvent, tous programmes confondus, à 3,8 Md€ en 2010, auxquels il convient d’ajouter une part de la subvention de l’Etat versée à Pôle Emploi (1,4 Md€).

Dans la région Languedoc Roussillon

Des enquêtes de terrain ont été menées sur les quartiers Pissevin-Valdegour à Nîmes, et Paillade-Mosson à Montpellier.


Vue de La Paillade (Montpellier). Photo : http://fr.academic.ru/pictures/frwiki/80/Paillademontpellier.jpg

17 432 personnes résident dans le quartier de Pissevin-Valdegour (Nîmes: 147 114). la population de nationalité étrangère représente 20%, les jeunes de moins de 25 ans 44,2%. Le taux de chômage dans ce quartier est de 44%.

16 000 habitants résident sur la ZUS Paillade-Mosson (254 000 pour Montpellier). 28,6% des habitants sont de nationalité étrangère, 42% ont moins de 25 ans. Le taux de chômage est de 41,8%.

Le rapport met en avant dans son analyse «le contexte politique régional complexe qui pèse beaucoup sur les partenariats avec les collectivités locales… » et l’insuffisance des moyens attribués aux missions locales: « la question de la réévaluation des moyens des missions locales au regard du contexte particulier et de la forte démographie régionale doit être examinée attentivement…L’action de la mission locale, très significative pour l’emploi des jeunes de la ZUS, est contrariée par des difficultés structurelles de financement. »

Le rapport pointe également « la faible implication de la ville de Montpellier dans la politique de la ville et l’insertion des jeunes. »

Anne (comité NPA du Pic-Saint-Loup)

(1) Placée sous l’autorité directe des ministres chargés de la sécurité sociale, de la santé, de l’action sociale, de la famille, du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle, l’Inspection Générale des Affaires Sociales assure une mission de contrôle et d’évaluation de la mise en œuvre des politiques publiques dans ces secteurs.

www.igas.gouv.fr

Rapport téléchargeable: « L’accès à l’emploi des jeunes des quartiers prioritaires de la politique de la ville »

Le NPA et les quartiers populaires : lire sur le site national du NPA

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